UNE ÉTUDE publiée dans la revue « JAMA » (24 mars) examine le rôle des comportements de santé à risque dans la relation entre le niveau socio-économique et la mortalité. Les travaux menés par l’équipe INSERM Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif), en collaboration avec des chercheurs anglais, ont été réalisés à partir de la cohorte prospective Whitehall II lancée en 1985. L’analyse a porté sur 9 590 hommes et femmes du panel de 10 308 fonctionnaires âgés de 35 à 55 ans vivant à Londres et suivis pendant plus de 24 ans. Au cours de la période, 654 participants sont décédés avec, si l’on considère la mortalité toutes causes confondues, un surrisque ajusté pour l’âge et le sexe, 1,6 fois plus élevé dans les catégories socio-professionnelles les plus basses que dans les catégories les plus élevées.
Les comportements de santé expliquent une part de ce surrisque, plus importante que l’on ne pensait jusqu’ici. En effet, 72 % du lien entre niveau socio-économique et mortalité s’explique par les différences de comportements. Contrairement aux autres études, les auteurs ont évalué le tabagisme, la consommation d’alcool, l’alimentation et l’activité physique des participants, non seulement au début mais tout au long du suivi (4 évaluations au total). Lorsque l’on ne tient compte que de l’évaluation initiale, la part des comportements de santé n’est que de 42 %. La différence entre les deux résultats tient au pouvoir explicatif accru de l’alimentation, de l’activité physique et de la consommation d’alcool. Le tabagisme est le facteur le plus important mais son rôle reste inchangé tout au cours du suivi. « Il est important de tenir compte de l’évolution des comportements de santé dans le temps pour évaluer leur rôle dans les inégalités sociales », concluent les auteurs.
Les conséquences en termes de politique de santé ne sont pas univoques. Un tel résultat peut conduire à penser que toute intervention destinée à améliorer les comportements individuels aura un effet bénéfique sur la santé de la population en général et sur la réduction des inégalités de santé. Toutefois, si, comme le suggère l’étude, les comportements de santé sont socialement déterminés – influençant la capacité à répondre aux messages de santé par exemple –, ces interventions qui visent à améliorer la santé de la population pourraient contribuer à creuser les inégalités de santé.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?