La consommation excessive d'alcool est un facteur majeur de morbidité et mortalité en France. L'alcool serait responsable de 45 000 - 50 000 décès par an. Le risque de développer des complications augmente avec la quantité d'alcool ingérée, mais d'autres facteurs interviennent : génétiques, environnementaux, la présence de comorbidités (surpoids, diabète…).
Tout le monde ne court pas le même risque avec une consommation identique. « L'éthanol est presque entièrement absorbé par le tube digestif, explique le Dr Rodolphe Sobesky (Hôpital Paul Brousse, Villejuif). Une très faible partie est éliminée par le rein et les poumons : la plus grande partie est conduite au foie. » Dans les hépatocytes, l'éthanol est transformé en acétaldéhyde, métabolite hautement toxique. Au niveau du foie, la première conséquence de la consommation chronique d'alcool est la stéatose qui régresse en principe avec le sevrage. Si la consommation d'alcool se poursuit, une inflammation peut apparaître ainsi qu'une nécrose, processus qui aboutit à une fibrose, puis à une cirrhose. C'est à ce stade que peuvent apparaître en général, les complications sévères de la maladie alcoolique du foie, notamment l'hépatite alcoolique aiguë (HAA). « La plupart des HAA symptomatiques surviennent chez des patients ayant une cirrhose », déclare le Dr Rodolphe Sobesky.
Un arrêt complet et définitif de l'alcool
La prise en charge du patient souffrant d'une HAA vise en premier lieu l'arrêt complet de la consommation d'alcool. Un suivi en centre d'addictologie, une aide psychologique et sociale sont souvent nécessaires pour renforcer la motivation du patient contre cette dépendance aux ressorts complexes. En ce qui concerne le traitement médicamenteux du sevrage alcoolique, l'acamprosate (Aotal) et la naltrexone (Revia) sont les plus utilisés actuellement en France pour diminuer le risque de récidives de consommation alcoolique. Ces molécules interviennent dans le circuit cérébral de la récompense et leur efficacité reste variable selon les patients. Le nalméfène (Selincro) est venu plus récemment enrichir l'arsenal thérapeutique. Il doit être prescrit avec un suivi psychosocial continu. Le baclofène bénéficie d'une recommandation temporaire d'utilisation (RTU) dans l'alcoolo-dépendance et fait encore l'objet d'études pour une autorisation de mise sur le marché dans cette indication. L'oxybate de sodium (Alcover), disponible en Italie depuis plus de vingt ans, devrait prochainement être disponible en France. « Pour les malades les moins sévères, le fait d'arrêter l'alcool améliore la situation », rappelle le Dr Sobesky. L'HAA dans sa forme sévère (définie par un score de Maddrey > 32) est une des formes les plus graves de la maladie alcoolique du foie dont le traitement de référence repose sur les corticoïdes. Les non répondeurs à ce traitement ont une mortalité élevée (76 % décèdent dans les 6 mois). Dans ces cas, une transplantation hépatique pourrait être efficace. « Cette option est réservée à certains patients très sélectionnés dont c'est le premier épisode d'hépatite alcoolique, bien insérés sur le plan social, avec un bon encadrement familial, capables d'avoir un suivi psychologique et addictologique après la transplantation », ajoute le Dr Rodolphe Sobesky.
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