ON SAIT QUE de multiples facteurs aussi bien génétiques qu’environnementaux ont une action sur le développement de la SEP. Des études cas-témoins, initialement, des observations de cohorte et de population, par la suite, ont suggéré que le tabagisme pourrait jouer un rôle dans la susceptibilité de certains individus à développer cette maladie.
Adam Handel et coll. ont cherché à élargir les précédentes méta-analyses, en s’intéressant à l’effet du tabagisme non seulement sur la survenue de la SEP, mais aussi sur le risque de progression secondaire et sur la gravité de la maladie.
Une recherche sur Medline leur a fait retenir 14 articles, qui représentent des données de 3 052 cas et de 457 619 témoins.
Un risque relatif de 1,48.
En analysant les études de manière conservatrice, c’est-à-dire en limitant l’analyse aux personnes dont le comportement vis-à-vis du tabac était bien décrit avant le début de la SEP, les résultats montrent que le tabagisme est effectivement associé à une susceptibilité de développer la maladie (10 études ont été analysées de cette manière). Le risque relatif apparaît significatif. Il est de 1,48 (IC 1,35-1,63), sans hétérogénéité statistique.
Un aspect clef de la causalité des facteurs environnementaux est l’effet dose, que l’on observe ici. La plupart des études détaillées par cette méta-analyse démontrent une augmentation de la susceptibilité avec l’accroissement du nombre des cigarettes fumées.
Si cette méta-analyse qui a porté sur un grand nombre de cas et de témoins confirme une association solide entre le tabagisme et la susceptibilité à présenter une SEP, elle apporte aussi des arguments montrant que ce facteur environnemental n’est pas capable à lui seul de rendre compte d’une variation plus générale de la prévalence (en fonction de l’âge, de la latitude ou du genre).
Quel serait le mécanisme ? Certains travaux écartent la nicotine. Le monoxyde d’azote semble être le candidat le plus plausible.
Par ailleurs, la relation entre le tabagisme et la progression secondaire est sujette à débats. Les résultats ne sont pas uniformes, montrant pour certains une augmentation du risque et pour d’autres une absence effet.
L’étude de Handel et coll. tend à confirmer les seconds, mais sans écarter les premiers. La démonstration d’un effet dose-dépendant sur la survenue de la maladie plaiderait en faveur d’un effet potentiel sur la gravité de la maladie une fois présente. « Quelques études démontrent que le tabagisme commencé tôt dans la vie accroît la probabilité de SEP sévère ou à progression continue. (Nos résultats suggèrent qu’il pourrait exister une association entre le tabagisme et le risque de SEP secondairement progressive, mais le degré élevé d’hétérogénéité entre les études limite les possibilités de tirer une conclusion claire. »
PloS ONE, janvier 2011, vol 6, n° 1, e16149.
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