PARMI LES complications du tabagisme, la BPCO occupe une place importante. On estime à 3,5 millions (soit 10 % de la population adulte) le nombre de personnes atteintes de BPCO en France. La mortalité augmente régulièrement depuis vingt ans (environ 16 000 décès par an). La BPCO atteint les adultes de plus de 45 ans et augmente de fréquence avec l’âge. Les hommes sont plus atteints que les femmes. La BPCO est une affection grave, mais sous estimée et sous-diagnostiquée. De 50 à 75 % des personnes atteintes de BPCO ne se savent pas malades. Les trois signes classiques de la BPCO (expectoration, toux et dyspnée) sont souvent tardifs. Au début, lorsque la dyspnée se manifeste, le patient s’adapte en réduisant ses efforts…
« La toux comme l’essoufflement chez un fumeur ne sont pas des symptômes normaux », souligne le Dr Corinne Vannimenus (CHRU Lille).
La proportion de personnes touchées par la BPCO s’accroît avec la durée du tabagisme et surtout lorsque le tabac est commencé tôt, à l’adolescence.
85 % des patients diagnostiqués sont fumeurs.
Le principal facteur de risque de la BPCO est le tabagisme, très loin devant la pollution atmosphérique, l’exposition à certaines substances toxiques professionnelles ou les mauvaises conditions de vie. La responsabilité du tabagisme est invoquée dans 80 à 85 % des diagnostics de BPCO. Et les hommes fument encore plus que les femmes…
Selon les résultats du baromètres santé 2010 INPES, environ un tiers des Français se déclarent actuellement fumeurs de tabac (35,5 % des hommes vs 27,9 % des femmes). Cette proportion de fumeurs diminue fortement avec l’âge en particulier au-delà de 50 ans. Le nombre moyen de cigarettes fumées quotidiennement par les fumeurs réguliers est de 15,1 cigarettes par jour pour les hommes et de 12,6 pour les femmes.
En revanche, seuls 30 % des fumeurs développeront une BPCO. Certains facteurs sont incriminés (susceptibilité individuelle, prédispositions génétiques…).
Le tabagisme passif est probablement également un facteur de risque de BPCO. L’inhalation de fumée de cannabis peut aussi être responsable.
Une exploration fonctionnelle respiratoire complète.
Chaque médecin généraliste devrait rechercher l’obstruction bronchique chez tout patient fumeur ou ex-fumeur de plus de 40 ans ainsi que chez tout patient consultant pour un syndrome respiratoire. En cas d’anomalie, il convient d’adresser le patient à un pneumologue pour une exploration fonctionnelle respiratoire complète qui précise le diagnostic du trouble ventilatoire obstructif et le degré de l’atteinte (rapport VEMS/CV)
Les patients atteints de BPCO sont fréquemment atteints d’autres maladies chroniques telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète…
Le sevrage tabagique, principal traitement.
La prise en charge de la BPCO implique nécessairement l’arrêt du tabac. Le pronostic du patient est en grande partie déterminé par la poursuite ou l’arrêt de sa pratique tabagique. « Arrêter le tabac permet de stopper l’évolution de la maladie vers l’insuffisance respiratoire chronique sévère. Tous les moyens doivent être mis en œuvre pour convaincre le patient d’arrêter de fumer. L’arrêt de la cigarette est toujours bénéfique quel que soit le stade de l’évolution de la maladie », explique le Dr Corinne Vannimenus.
Le Test de Fagerström est très facile à réaliser. Dans la plupart des cas, la dépendance à la cigarette est à la fois physique et psychologique.
Il importe de bien apprécier la consommation de tabac (cigarettes roulées, manufacturées, cigare, pipe) ou de cannabis ainsi que d’alcool (tabac et alcool vont souvent ensemble) et d’apprécier la motivation du patient afin de l’adresser si besoin vers une consultation de tabacologie.
Le choix d’un médicament de sevrage tabagique est large et chaque fumeur peut trouver la solution qui lui convient le mieux. Il existe quatre formes de substituts nicotiniques : les gommes à mâcher, les comprimés (sublinguaux ou à sucer), les patchs et l’inhaleur. Il faut les utiliser à dose suffisante ; 1 mg de nicotine = 1 cigarette manufacturée correspond somme toute à une dose adaptée. Ils peuvent être associés entre eux. Les dosages doivent être réévalués dans les 8-10 jours après l’arrêt du tabac.
Le bupropion (nombreux effets indésirables et contre-indications médicales cf. Vidal) est peu utilisé. La varénicline n’est utilisée dans le sevrage tabagique de l’adulte qu’en deuxième intention, après échec des substituts nicotiniques. Elle est responsable d’effets secondaires chez environ 30 % des patients et doit être administrée avec précaution chez les patients aux antécédents psychiatriques (cf Vidal) À côté du sevrage tabagique et de la réhabilitation respiratoire, les bronchodilatateurs apportent un bénéfice symptomatique en termes de dyspnée et de tolérance à l’effort. Ils réduisent la fréquence des exacerbations et améliorent la qualité de vie.
Dr Corinne Vannimenus : pas de conflit d’intérêt.
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