DANS CETTE méta-analyse, est montré un excès de risque statistiquement significatif de cancer colorectal (CCR) chez ceux qui ont fumé au cours de leur vie versus les non-fumeurs, même si la force de l’association reste inférieure à ce qui est observé pour les adénomes (risque poolé de 1,82).
Edoardo Botteri et coll. ont réalisé une recherche dans la littérature à l’aide de PubMed, ISI Web of Science et EMBASE, et trié les articles contenant « le minimum d’informations nécessaires pour estimer le risque de CCR associé à au fait de fumer des cigarettes, ainsi que le moyen de mesurer l’incertitude ». On a tenu compte de divers ajustements : alimentation, indice de masse corporelle, consommation d’alcool, activité physique
Cent six études indépendantes d’observation ont été incluses dans l’analyse d’incidence et la méta-analyse est fondée sur un total de près de 40 000 nouveaux cas de CCR. Vingt-six études ont permis de calculer un risque ajusté entre ceux qui globalement ont un jour fumé comparativement à ceux qui n’ont jamais touché à des cigarettes. Ce qui révèle une augmentation de 18 % du risque de CCR (risque relatif de 1,18 ; IC95 % 1,11-1,25).
Le tabagisme est associé à une augmentation absolue du risque de 10,8 cas pour 100 000 années-personnes. « Nous trouvons une relation dose-effet statistiquement significative avec un nombre croissant de paquet-années et de cigarettes par jour*. » Toutefois, la relation ne devient significative qu’au delà de trente ans de tabagisme. L’incidence du CRC est plus élevée chez les fumeurs qui ont arrêté de fumer que chez ceux qui fument au moment de l’observation. Ce qui montre en réalité l’effet d’une exposition totale plus importante.
Analyse de mortalité.
Dix-sept études de cohortes ont été comprises dans l’analyse de mortalité. Le risque global, poolé pour ceux qui ont fumé versus ceux qui n’ont jamais fumé est augmenté de 25 % (risque relatif de 1,25 ; IC 95 % 1,14-1,37). Le tabagisme est associé à une augmentation absolue du risque égale à 6 décès pour 100 000 années-personnes (IC 95 % 4,2-7,6). Là aussi, le risque de mortalité augmente avec le temps de suivi, ce qui est montré dans deux études.
Et, « pour les deux items étudiés, c’est-à-dire à la fois l’incidence et la mortalité du CRC, l’association est plus forte pour les cancers du rectum et du côlon proximal que pour pour ceux du côlon distal ».
On remarque que les estimations de risque donnent des chiffres plus élevés pour la mortalité du CRC que pour l’incidence. Il existe plusieurs explications à cela : les tumeurs liées au tabagisme sont plus agressives (adénomes à haut risque), et/ou les diagnostics sont réalisés à des stades avancés (retard à consulter chez les fumeurs).
L’âge du dépistage.
« Jusqu’ici, le tabagisme n’a pas été pris en compte dans la stratification des individus pour le dépistage du CRC. Toutefois, quelques études rapportent que le CRC survient plus tôt chez les fumeurs, en particulier chez ceux qui ont une forte consommation. Nos travaux antérieurs, tout comme cette dernière analyse, apportent de forts arguments en faveur d’un effet délétère du tabagisme à la cigarette sur le développement des polypes adénomateux et du CRC. Nous considérons que le tabagisme représente un facteur important à prendre en considération pour décider à quel âge doit commencer le dépistage du CRC. »
À l’inverse d’autres cancers liés au tabac, comme le poumon, l’oropharynx et le larynx, où l’effet cancérogène s’exerce par contact direct, le côlon et le rectum ne sont touchés qu’indirectement, comme l’sophage et l’estomac, pour lesquels le risque de cancer est aussi fortement associé au tabac.
« JAMA », 17 décembre 2008, vol. 300, n° 23, pp. 2765-2778.
* On se rappelle que la notion de paquet-années correspond nombre de paquets de cigarettes fumés par jour multiplié par le nombre d’années de consommation.
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