IL Y A de plus en plus de résultats indiquant que le tabagisme peut augmenter le risque de cancer agressif de la prostate et la mortalité par ce cancer. « Comme dans la littérature, nous trouvons une augmentation de 30 % du risque de cancer fatal de la prostate quand on compare des fumeurs avec des personnes qui n’ont jamais fumé », écrivent Stacey Kenfield et coll.
On s’aperçoit que le tabagisme est associé à un état plus grave : grade plus élevé de la tumeur ou cancer plus avancé (métastases, cancer réfractaire à l’hormonothérapie).
La « Health Professionals Follow-Up Study » est une étude prospective longitudinale de 51 529 professionnels de santé masculins américains, inclus en 1986. Une première publication au terme d’un suivi de 8 ans (1999), a rapporté des données préliminaires sur la relation entre le statut vis-à-vis du tabagisme et la mortalité par cancer de la prostate.
Dans la toute dernière publication concernant la même cohorte, le recul est maintenant de 22 ans et les relations entre tabagisme actuel ou passé et le cancer de la prostate ont pu être étudiées plus avant.
Entre1986 et 2006, un cancer de la prostate a été diagnostiqué chez 5 366 hommes. Il y a eu 1 630 décès, dont 524 (32 %) dus au cancer et 416 (26 %) à une cause cardiovasculaire. Il y a eu 878 récidives biochimiques.
Les taux de décès spécifiquement dus au cancer de la prostate chez des personnes n’ayant jamais fumé par rapport à des fumeurs actuels (au moment de la prise d’observation) sont de 9,6 versus 15,3 pour 1 000 personnes-années. Les taux correspondants pour la mortalité de toutes causes sont de 27,3 et 53 pour 000 personnes-années.
Dans l’analyse multivariée, les fumeurs actuels ont un risque accru de mortalité par cancer de la prostate (RR 1,61) versus ceux qui n’avaient jamais fumé. Le tabagisme est aussi associé à un stade clinique plus avancé (RR 1,80), à un plus grand risque de récidive biochimique (RR 1,61), à une mortalité totale plus élevée (RR 2,28) et à une mortalité cardiovasculaire accrue (RR2,13).
L’arrêt du tabac.
En revanche, il y a de bonnes nouvelles pour ceux qui ont arrêté de fumer, mais si l’arrêt a eu lieu dix ans auparavant. Comparativement à ceux qui ont continué à fumer, ceux qui ont cessé il y a au moins dix ans, ou bien qui ont cessé depuis moins de 10 ans mais qui ont fumé moins de 20 paquets-années, ont un risque de mortalité par cancer de la prostate similaire à ceux qui n’ont jamais fumé.
Un effet direct du tabagisme sur la progression du cancer de la prostate est biologiquement plausible. Les hypothèses principales proposent : une promotion tumorale par les carcinogènes du tabac, avec spécifiquement, pour ce qui concerne la prostate, les nitrosamines et le cadmium ; une étude a rapporté une implication dans le cancer agressif de la prostate de certains variants de gènes actifs dans la détoxification sous l’effet de la fumée de tabac ; et puis, chez les fumeurs, d’autres travaux ont montré des taux plasmatiques accrus de testostérone libre et d’androgènes, avec des associations dose-dépendantes dans le cancer de la prostate.
JAMA, 22 juin 2011, vol. 305, n° 4, p. 2548-2555.
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