L’ANNÉE 2010 a commencé par un échec, et pas des moindres. Celui de la campagne de vaccination contre la grippe A(H1N1)v. Sur 64 millions de personnes invitées à se faire vacciner, 5,2 millions seulement l’ont fait, soit 7,9 % de couverture vaccinal. Et l’impact négatif des controverses sur l’intérêt et la sécurité des vaccins, se fait encore sentir. Ainsi, les Français tardent à se vacciner contre la grippe saisonnière. La campagne se poursuit jusqu’à la fin de janvier et le directeur général de la Santé, Didier Houssin, a lancé un appel aux médecins pour qu’ils renversent la tendance. En janvier 2011, l’Institut de veille sanitaire va mener, avec Ipsos, une enquête téléphonique (10 minutes maximum auprès de foyers tirés au sort), et les résultats contribueront aux orientations de la politique vaccinale en France.
Autre bilan négatif, celui de la loi de santé publique de 2004, qui devait être révisée cette année. Le rapport d’évaluation remis en mai à la ministre de la Santé par le Pr Roger Salamon au nom du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), montre que seulement un quart des 100 objectifs fixés ont été atteints au moins partiellement – tous n’étant pas évaluables, il est vrai. Parmi les données négatives : des vaccins qui restent très insuffisamment prescrits, comme le ROR, le vaccin contre l’hépatite B et celui contre la grippe pour les professionnels de santé ; un accès inégal au dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus ; la surveillance du diabète toujours insuffisante, avec des complications « trop fréquentes » ; les usages à risque ou nocifs de l’alcool qui sont préoccupants ; la qualité de l’eau de boisson qui laisse à désirer dans certaines zones, avec une hausse enregistrée pour les pesticides ; les accidents de la vie courante qui n’ont pas baissé autant que prévu chez les enfants...
Contre les inégalités.
Une nouvelle loi quinquennale doit remplacer la loi de 2004. L’ancienne ministre de la Santé la promettait plus resserrée et plus efficace, avec de nombreux objectifs inscrits au niveau réglementaire. Elle devait aussi, selon Mme Bachelot, avoir pour priorité la lutte contre les inégalités de santé, inégalités mises notamment en lumière par un gros ouvrage publié par La Découverte avec l’INSERM, « Santé publique - L’état des savoirs ».
Faudra-t-il fixer de nouveaux objectifs en matière de tabagisme – qui est aussi dans le collimateur du plan Cancer ? Pour le HCSP, au vu des derniers chiffres, une relance de la lutte contre le tabagisme actif s’impose. En cinq ans, en effet, il a progressé de 1,8 %. Le tabagisme quotidien est désormais le fait de 25,7 % des femmes, contre 23 % en 2005, et de 31,8 % (31 %) des hommes. Dans son avis, le premier en matière de prévention « qui porte sur un des déterminants majeurs de santé », le Haut Conseil préconise une forte hausse des prix, des actions en direction des jeunes et le remboursement des médicaments de sevrage délivrés sur prescription. Déjà confronté à une crise, avec la suppression demandée par Bruxelles de la limitation des achats de tabac à l’étranger, le nouveau ministre de la Santé, Xavier Bertrand, assure que le tabagisme reste un enjeu « prioritaire ».
Autre priorité, la lutte contre l’obésité. Nicolas Sarkozy a annoncé un plan triennal, qui doit être mis en œuvre d’ici 2012, et il a chargé le Pr Arnaud Basdevant de le piloter. Doté de 140 millions d’euros, il doit entre autres organiser le dépistage de l’obésité des enfants et une prise en charge de qualité sur tout le territoire. Le plan Obésité intégrera le programme national Nutrition Santé 2011-2015. Il faudra régler la question de la publicité télévisée, qui à en croire l’UFC-Que choisir, incite encore trop les enfants à consommer des produits gras et sucrés. Ici comme, entre autres, en ce qui concerne le tabac et l’alcool, les lobbys industriels restent puissants et ont conduit à des reculs préjudiciables à la santé publique.
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