« LA SANTÉ publique passe après l’économie » : l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie ne décolère pas après le vote des députés, qui ont refusé d’interdire totalement la vente d’alcool dans les stations-services et autorisé la publicité pour les vins et spiritueux sur Internet, au grand soulagement de la filière viticole.
La bataille n’a pas été facile pour la ministre de la Santé. La semaine dernière, elle avait dû accepter un compromis avec l’interdiction des ventes d’alcool au forfait (open bars) sauf pour les foires, fêtes, salons de dégustation... Cette fois, elle a dû se résigner à ce que la vente d’alcool reste autorisée dans les stations-services entre 8 heures et 18 heures. Et si elle a obtenu le vote de l’interdiction de la vente d’alcool aux moins de 18 ans, contre 16 actuellement, elle a dû donner son feu vert à l’amendement UMP autorisant la publicité pour l’alcool sur Internet. Une ouverture « contrôlée et encadrée », a-t-elle commenté, puisque des restrictions sont prévues pour les sites « principalement destinés à la jeunesse » ainsi que les services en ligne d’association, sociétés et fédérations sportives.
Incohérence.
Mais pour l’ANPAA, ces restrictions « n’auront aucune efficacité tant Internet est un média multiforme ».Et, surtout, les spécialistes estiment que « c’est un message d’incohérence qui est adressé à la population : comment peut-on prendre dans le même temps des mesures restrictives à l’offre et des mesures incitatives ? Et cela ne vaut pas seulement dans le domaine de la prévention de l’alcoolisation des jeunes mais aussi en matière de lutte contre l’obésité. »
Sur ce sujet, les députés ont en effet adopté l’amendement de Valérie Boyer (UMP) stipulant que la prévention de l’obésité et du surpoids est une priorité de la politique de santé publique mais refusé d’en faire une grande cause nationale pour 2010. Et une forte polémique a entouré un amendement présenté par le rapporteur UMP Jean-Marie Rolland et soutenu par l’opposition qui visait à interdire les publicités pour les produits sucrés ou gras à la télévision dans les quinze minutes qui précèdent et suivent des programmes jeunesse. La ministre de la Santé s’y est en effet opposée, arguant de la charte de bonne conduite contre l’obésité infantile signée par les publicitaires et les professionnels de l’audiovisuel. « Céder aux lobbies nuit gravement à la santé de nos enfants », a dénoncé, parmi d’autres, le député UMP Axel Poniatowski.
Parmi les autres amendement du chapitre lutte contre l’obésité, celui permettant aux salariés d’utiliser des tickets-restaurants pour acheter des fruits et légumes et un autre prévoyant que « les programmes d’activités scolaires ou périscolaires intègrent la nécessité d’une activité physique quotidienne d’au moins trente minutes pour chaque enfant ».
Les députés ont également voté l’interdiction de vente de tabac aux mineurs en adoptant un amendement du député UMP Yves Bur. Selon lui, l’interdiction actuelle aux moins de 16 ans est « mal appliquée parce qu'elle est difficilement applicable. Il est parfois difficile de faire la distinction entre un jeune de 15 ans et demi et un jeune de 16 ans et demi. En mettant l'âge de l'interdiction à 18 ans, le travail des buralistes s'en trouvera facilité. » L’interdiction totale des cigarettes-bonbons a en outre été votée à l’unanimité. « Les politiques de lutte contre le tabac ne se résument pas à ce que je vous présente », a par ailleurs lancé Roselyne Bachelot en réponse aux critiques de l’opposition.
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