Le Conseil national de l'Ordre des médecins et celui des pharmaciens viennent de publier des recommandations communes sur la prescription des traitements de substitution aux opiacés.
Ils rappellent des règles déontologiques inhérentes à ce genre de prescription, et mettent en garde contre le risque de détournement : les médicaments détournés constituent la majorité des produits consommés par les patients toxicomanes, et les produits de substitution figurent en bonne place parmi eux.
Les recommandations mettent notamment l'accent sur le respect de la confidentialité, et l'évaluation de la situation médico-psycho-sociale de l'usager. « La pratique d'injection doit être questionnée lors des prescriptions de buprénorphine », insistent les auteurs.
La primoprescription de méthadone en ville
Les traitements substitutifs de la pharmacodépendance aux opioïdes disponibles sont la buprénorphine (Subutex), l'association de buprénorphine et de Naloxone (Suboxone) et la méthadone chlorhydrate. Contrairement à la buprénorphine, la méthadone ne peut pas être prescrite par les médecins de ville.
Les deux organisations ordinales estiment que la possibilité de prescription initiale de méthadone en ville par des médecins habilités en addictologie permettrait une amélioration significative de l'offre de soins, sous condition de formation spécifique et convention avec une structure de soins spécialisés. Ils réitèrent ainsi une demande formulée depuis longtemps par les médecins généralistes impliqués dans le domaine de l'addiction. Il y a 3 ans, l'étude Méthaville avait confirmé que les médecins de ville prescripteurs de méthadone obtenaient des taux d'abstinence et des scores d'observance au moins aussi bons que ceux travaillant en service spécialisé.
Les recommandations dressent aussi la liste des exigences en termes de qualité pour le suivi des patients traités par les médicaments de substitution : disposer de connaissances sur les interactions médicamenteuses, rechercher la posologie optimale via le principe « commencer bas et augmenter doucement », prendre en charge les comorbidités somatiques, psychiatriques et sociales, accepter l’ambivalence des usagers, remettre en cause et adapter les pratiques quand elles échouent.
Le texte revient aussi sur la récente obligation de prescription des médicaments codéinés. Ces derniers pouvaient être utilisés par certains usagers dépendants aux opiacés, pour remplacer ou compléter l’opiacé habituel, ou le traitement de substitution en cours. « La plus grande difficulté à se procurer ces substances peut provoquer des interruptions brutales de consommation et favoriser l'apparition de symptômes de sevrage, peut-on lire. Le premier recours, médecins et pharmaciens en particulier, et en appui les structures du dispositif spécialisé, doivent pouvoir accompagner ces situations. »
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