PLUS DE DEUX MOIS après le lancement du nouveau Plan national hépatites 2009-2012 (« le Quotidien du 24 février 2009), la journée mondiale d’aujourd’hui est l’occasion de faire le point sur ces pathologies qui touchent 500 000 personnes en France : 280 000 personnes sont porteuses du virus de l’hépatite B et 221 000 du virus de l’hépatite C. « Seulement la moitié est dépistée », souligne le Pr Daniel Dhumeaux, président du comité stratégique chargé de l’élaboration du plan, dans son éditorial du « Bulletin épidémiologique hebdomadaire ». Compte tenu des progrès thérapeutiques de ces dernières années (on guérit maintenant plus de 50 % des hépatites C et un contrôle, avec arrêt de la multiplication virale est assuré dans 80 % des cas d’hépatite B), « l’absence de reconnaissance de ces infections est associée, pour le patient et son entourage à une perte de chance qui n’est pas acceptable », poursuit-il. Le programme national mis en place poursuit 3 objectifs : rendre le dépistage plus efficace, relancer la prévention et renforcer l’accès aux soins.
Il vise en particulier à orienter la pratique du dépistage vers certains groupes non initialement ciblés et chez lesquels les études épidémiologiques ont montré une prévalence élevée de l’infection : personnes en situation de précarité, migrants originaires de pays de forte endémie, détenus, usagers de drogues. L’objectif est de passer, dans les trois ans, « de 57 à 80 % de personnes dépistées pour l’hépatite C et de 45 à 65 % pour l’hépatite C », indique le spécialiste.
Médecins et patients.
La relance de la vaccination contre l’hépatite B est, bien sûr, une des lignes de force du volet prévention. Les premiers résultats d’une étude qualitative réalisée par l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) réalisée en population générale (70 entretiens individuels et 13 réunions de groupe de 5 à 7 participants ont été conduits de juillet à septembre 2008 à Paris, Lille et Marseille) et auprès de médecins (50 entretiens individuels et 4 séances de groupe de 25 participants réalisés à Paris, Lille, Lyon et Marseille de novembre à décembre 2007) sont publiés dans le « BEH ». « Un paradoxe semble se dessiner, expliquent Nicolas Vignier et Christine Jestin. D’un côté une population française demandeuse d’information qui semble prête à recevoir la vaccination contre l’hépatite B et pour qui l’initiative de cette prévention doit émaner du médecin traitant et de l’autre côté, des médecins peu à l’aise avec cette pathologie et ses controverses, ressentant la population comme globalement réticente ». Les deux auteurs notent cependant que « des deux côtés, une information précise et transparente sur cette maladie est demandée aux autorités ».
L’implication des médecins est requise non seulement pour la prévention mais aussi pour l’accès aux soins. La prise en charge des malades, aujourd’hui principalement hospitalière, devrait bénéficier d’une meilleure répartition des tâches entre les médecins généralistes, les gastroentéroogues libéraux et les spécialistes du secteur public.
Hépatite C et usagers de drogues.
De ce point de vue, les usagers de drogues forment un groupe vulnérable. La séroprévalence de l’hépatite C est, chez eux, particulièrement élevée et les comportements à risque persistent. Les UD ont pendant de nombreuses années été exclus de la mise sous traitement de l’hépatite C, principalement parce qu’ils étaient perçus par le corps médical comme des patients peu observants, peu enclins à supporter les effets secondaires liés au traitement ou en raison d’une consommation excessive d’alcool. « L’accès au traitement de l’hépatite C chez les UD fait encore l’objet de réticences, mais s’est considérablement amélioré », relèvent les auteurs de l’enquête InVS-ANRS Coquelicot sur les représentations du traitement dans cette population, réalisée auprès de 1 462 usagers. Elle montre que les UD perçoivent bien l’hépatite C comme une maladie grave et connaissent l’existence de traitements efficaces mais qu’ils considèrent encore aujourd’hui, pour plus d’un tiers d’entre eux, que ces traitements leur sont peu accessibles. Les patients évoquent les craintes liées au traitement (effets secondaires, examens préalables), les traits de leur personnalité UD (autodépréciation) et à un degré moindre à l’attitude des médecins, la précarité ou le manque d’information. L’étude suggère qu’un autre modèle d’intervention soit utilisé dans lequel les outils de prévention et de prise en charge liés à l’usage de drogues (seringues, traitements de substitution) vont au-devant des populations concernées.
Pour sa part, Médecins du monde considère que les mesures prises dans le plan sont inadaptées et ne répondent pas à l’urgence de l’épidémie. L’association qui a expérimenté en milieu festif des programmes d’éducation aux risques liés à l’injection, demande que soit mise en place une recherche-action afin de renforcer la capacité des usagers à adopter des comportements de prévention (utilisation d’un bras anatomique, préparation et réalisation d’une injection avec du sérum injectable ou réalisation de l’injection avec le produit habituel en fonction des circonstances).
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