DE NOTRE CORRESPONDANT
ENVISAGÉES en France puis finalement rejetées il y a quelques mois à l’initiative du Premier ministre, les « salles de consommation à moindre risque », plus brutalement nommées « salles de shoot » par leurs détracteurs, sont une réalité dans 6 pays, et offrent, selon leurs partisans, de nombreux avantages aux utilisateurs comme aux professionnels. Un colloque organisé le 10 février dans les locaux du Parlement européen, à Strasbourg, a fait le point sur le sujet au niveau international.
Espace indépendance, lieu d’accueil et de soins en addictologie qui réunit des médecins et des psychologues à Strasbourg, nourrit aussi depuis des années une large réflexion sur les addictions. Son président, le Dr Georges-Henri Melenotte, a, comme nombre de ses confrères, très mal vécu le « non » de François Fillon à l’expérimentation des salles, « non » confirmé tout récemment par l’Académie de médecine. C’est pour montrer que « les salles de consommation, ça marche », qu’il a monté un colloque européen sur le sujet, avec la complicité de Catherine Trautmann, ancienne présidente de la MILDT (Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie) et députée européenne.
Le colloque, qui a réuni de nombreux intervenants français et étrangers, a fait le point sur les expériences menées en Allemagne, en Espagne, au Luxembourg, en Suisse, aux Pays-Bas et en Norvège, mais aussi au Canada et en Australie. Chiffres à l’appui, les partisans des salles rappellent que celles-ci réduisent les risques sanitaires et favorisent le dialogue avec les usagers de drogues, surtout les plus désocialisés, qui, ainsi, n’ont plus besoin de s’injecter leur produit dans les lieux publics ou les squats.
Instaurer la confiance.
Une dizaine de villes françaises, dont Strasbourg, sont maintenant prêtes à expérimenter de telles salles, expérimentation bloquée suite à la décision du gouvernement. « L’idéologie et l’obscurantisme ont primé sur les preuves », dénoncent les médecins partisans ou promoteurs de ces expériences, de même que les collectifs d’associations présents au colloque. « Les salles de consommation permettent aux usagers d’y rencontrer des gens qui les pousseront à s’en sortir », rappellent notamment les Drs Béatrice Stambul et Laurent El Ghozi, en soulignant qu’elles augmentent de 30 % le nombre d’usagers souhaitant suivre un traitement ou un programme de substitution, et favorisent leur « renarcissisation ». « Ce qui compte, a conclu le Dr Melenotte, c’est d’instaurer la confiance avec les personnes ayant une addiction : si vous leur donnez cette confiance, le contact est pris et un vrai travail médical et de réduction des risques peut commencer. »
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