DEPUIS une dizaine d’années, la notion d’addiction s’est substituée à celles d’alcoolisme et de toxicomanies. Ces notions « ne sont plus pertinentes, car elles ont longtemps été considérées comme des fléaux sociaux, auxquels on apportait une réponse essentiellement psychosociale. Ces pathologies avaient leurs circuits spécifiques de prise en charge, en dehors des hôpitaux, et n’étaient même pas abordées dans le cadre des études de médecine », explique le Pr Michel Reynaud, membre de la Société française d’alcoologie (SFA). Cette évolution de la terminologie s’est accompagnée d’une meilleure connaissance des mécanismes cérébraux impliqués dans le phénomène de l’addiction aux produits et a ouvert de nouvelles pistes pour la prise en charge clinique et thérapeutique. Parmi les addictions, définies comme des comportements destinés à donner du plaisir ou à éviter un malaise, l’une des plus graves est l’addiction à l’alcool.
Alcoolisation en groupe et polyconsommations.
En France, entre 23 000 et 45 000 décès par an sont directement ou indirectement liés à la consommation excessive d’alcool. En plus de ses effets délétères sur la santé, l’alcool est impliqué dans 40 % des décès de la circulation, dans 25-35 % des accidents de voiture non mortels, dans 64 % des incendies et des brûlures, dans 48 % des hypothermies et des cas de gelures, dans 40 % des chutes et dans 50 % des homicides. L’alcool est également un facteur d’agressivité qui serait responsable de 50 % des rixes, de 50 à 60 % des actes de criminalité et de 20 % des délits. Sa consommation diminue chaque année mais reste en moyenne à un niveau élevé. La précocité de l’âge des premières ivresses inquiète, tout comme la hausse des phénomènes d’alcoolisation en groupe, de polyconsommations et de polydépendances. Ainsi, 11 % des 18-25 ans déclarent consommer de façon régulière deux produits (tabac, cannabis ou alcool) tandis que 2 % cumulent un usage régulier des 3 substances.
Pour la première fois en quinze éditions, Paris accueille le congrès de l’ISBRA, créé en 1980 afin de promouvoir la recherche biomédicale en alcoologie. L’événement, parrainé par l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) et la mairie de Paris, est co-présidé par le Pr Reynaud et le Pr Toshikazu Saiton (Japon), également président de l’ISBRA. Les spécialistes internationaux de la discipline sont invités à discuter des plus récentes données de la recherche en alcoologie au cours de 6 conférences plénières, 72 ateliers, tables rondes, symposium. Plus de 1 000 participants sont attendus. Modèles animaux, physiologie du système nerveux central, rôle des facteurs génétiques - il existe des gènes de vulnérabilité qui s’expriment à l’occasion de situations traumatiques - grandes études épidémiologiques, approches préventives et thérapeutiques, tous ces sujets vont être débattus. Le congrès sera aussi l’occasion de comparer les stratégies françaises en matière de prévention et celles mises en œuvre dans d’autres pays.
* Centre Cap 15, 1 quai de Grenelle, 75015 Paris.
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