LE VIEILLISSEMENT est différent d’une personne à l’autre et le terme de « sujet âgé » concerne une population très hétérogène. Chacun vieillit de façon différente : certaines personnes restent en bon état de santé et actives, voire très actives, d’autres, au contraire, sont fragiles et exposées au risque de pathologies, d’autres encore sont malades souffrent de pathologies chroniques, voire sont dépendantes.
Aux États-Unis, on parle de seniors dès l’âge de 50 ans et de vétérans pour les plus de 75 ans. « Je pense qu’il faut bien définir de quelles personnes âgées on parle car notre attitude sera différente. Pour moi, il est important de distinguer les " jeunes vieux " de 50 à 70 ans, les " vieux " de 70 à 85 ans et les " très grands vieux " (TGV) âgés de plus de 90 ans qui sont aujourd’hui de plus en plus nombreux et en parfait état de santé », explique le Dr Monique Ferry (Valence).
Il faut arrêter de dicter des interdits pour « tous les sujets âgés ».
Le Dr Monique Ferry cite l’exemple d’un de ses patients âgés de 93 ans, en bonne santé, mais veuf et qui accepte d’aller en maison de retraite car il est seul. Au bout de quelques jours, il signe une décharge et décide de rentrer chez lui car on lui interdit sa cigarette après le repas et son verre de vin à table, sous prétexte du risque de cancer du foie… « Lorsqu’on atteint cet âge-là en bonne santé, il faut proscrire les régimes. La prévention primaire s’arrête avant 70 ans. Le priver de ces petits plaisirs, c’est lui infliger une double peine… sous quel prétexte ? Enlever un verre de vin à une personne qui n’a jamais bu plus, c’est quelque chose que l’on n’a pas le droit de faire et que l’on pourrait même assimiler à de la maltraitance ! »
L’usage d’alcool renvoie à un effet générationnel. Pour ces générations-là, l’alcool est un produit de consommation courante, souvent intégré à l’alimentation quotidienne. C’est une habitude ancienne, conviviale.
« Aujourd’hui, il existe même au Danemark certaines maisons de retraite qui donnent à leurs patients un verre de vin au repas du soir pour éviter de leur donner des somnifères », explique le Dr Monique Ferry.
Aider les personnes qui ont un vrai problème.
La vraie dépendance à l’alcool est rare, mais elle existe chez des sujets âgés qui avaient déjà une alcoolémie élevée auparavant, qui augmentent les doses et il ne faut pas la négliger. Ils peuvent devenir dépendants à des doses pas très importantes. En effet, l’organisme en vieillissant devient plus vulnérable aux effets négatifs de l’alcool qui apparaissent à des doses plus faibles (risque d’accident, de chutes…). L’alcool est un produit psychoactif facilement accessible.
Il ne faut pas méconnaître également un vrai problème d’addictologie qui concernerait plutôt des personnes à partir de 55 ans jusqu’à 70 ans : ménopause mal vécue, stress au travail, cessation d’activité, ennui, problème de couple… « Je pense qu’il est d’important d’aider les personnes qui ont un vrai problème avec l’alcool et ce quel que soit leur âge. »
Le programme national nutrition santé (PNSS) a ainsi défini comme limite : deux verres d’alcool par jour pour les femmes et trois pour les hommes, cela reste très convivial.
« La consommation d’alcool est évaluée en nombre de verres bus par jour. En effet, il existe une bonne équivalence entre la quantité d’alcool contenue dans un verre quelle que soit la boisson consommée », souligne le Dr Monique Ferry. Ainsi, un verre de vin de 10 cl est équivalent à un demi de bière de 25 cl ou à 6 cl d’alcool fort.
Pour le tabac, le problème est le même : avec une ou deux cigarettes par jour à 80 ans, on a réduit le risque… et si cela fait plaisir à la personne âgée pourquoi l’en priver ?
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