Alors que seulement trois pays sur cinq disposent de recommandations de bonnes pratiques pour l’arrêt du tabac, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publie ses premières recommandations sur le sujet. Quand le tabac tue plus de huit millions de personnes chaque année, 1,25 milliard d'individus sont toujours des consommateurs réguliers. Parmi eux, 60 % souhaiteraient arrêter de fumer.
En première intention, l'OMS préconise une première séance de conseil (entre trente secondes et trois minutes) destinée à attirer l'attention du patient sur les différentes options. Ensuite, des séances en face-à-face ou à distance permettent d’évaluer la volonté de changement de la personne et les moyens qui lui sont le plus adaptés. L'OMS estime par ailleurs que l'aide à l'arrêt du tabac est plus efficace avec des textos qu’avec des applications ou des outils conversationnels basés sur l'intelligence artificielle.
En ce qui concerne les traitements pharmacologiques, l'OMS accorde un niveau de recommandation élevé à la varénicline (Champix, indisponible en Europe depuis juillet 2021, à la suite de rappels de lots), aux produits de substitution du tabac et au bupropion (Zyban). L'organisation onusienne estime que les données actuelles ne permettent pas de conclure quant à l'efficacité des thérapies alternatives (yoga, acupuncture, homéopathie…). Elle n'en déconseille toutefois pas le recours dans la mesure où elles peuvent être associées à un fort regain de motivation.
Pour la mise en place de politiques de santé publique efficaces, l'OMS liste un ensemble de mesures : suivi épidémiologique de la consommation de tabac, formation des professionnels de santé, action résolue sur le prix des produits du tabac.
La cigarette électronique, grande oubliée des recommandations
La cigarette électronique, dont la place dans les stratégies de sevrage fait l'objet d'intenses débats est la grande absente de ce texte. L'OMS botte prudemment en touche, considérant que ce dispositif « n'entre pas dans le cadre de ces recommandations, car les bénéfices et les risques obéissent à des mécanismes complexes qui devront être traités dans un texte séparé, à mesure que les preuves s'accumuleront. »
En France, les dernières recommandations de la Haute Autorité de santé en la matière datent de 2014, une actualisation étant en cours dans le cadre du plan national de lutte contre le tabagisme 2023-2027. La cigarette électronique sera au cœur du travail du groupe d'experts, à la fois comme potentiel outil de sevrage tabagique, mais aussi comme éventuelle porte d'entrée vers le tabac.
En janvier 2022, le Haut Conseil pour la santé publique avait mis en avant l’insuffisance de données pour conclure quant au bénéfice/risque des cigarettes électroniques comme moyen de sevrage. Quant à l'Institut national du cancer (Inca), il avait reconnu en 2018 une diminution significative du risque pour la santé d'un patient qui arrêterait le tabac pour la cigarette électronique.
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