Cet été, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a surpris en émettant des réserves très fortes vis-à-vis de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique dans un rapport sur l'épidémie mondiale de tabac publié le 26 juillet 2019.
Le vapotage et plus largement les systèmes de délivrance électronique de nicotine (ENDS pour electronic nicotine delivery systems) « sont indubitablement nocifs et devraient ainsi faire l'objet d'une régulation », est-il écrit.
Les rapporteurs soulignent les incertitudes scientifiques quant à l'innocuité du vapotage, « les preuves disponibles sur les ENDS étant à ce jour peu concluantes », est-il indiqué en soulignant la diversité des produits en termes « de dosages en nicotine, de parfums et d'émissions ».
La vape moins toxique que la cigarette, mais...
L'agence onusienne s'inquiète en particulier du risque de porte d'entrée pour les plus jeunes mais reste également très prudente pour l'aide au sevrage tabagique. Même si l'OMS reconnaît que les ENS sont « certainement moins toxiques que la cigarette (conventionnelle) », l'institution estime que les données sont insuffisantes pour évaluer le niveau précis du risque associé.
Contrairement à la Grande-Bretagne ou des tabacologues comme le Pr Bertrand Dautzenberg, l'agence ne fait pas la promotion de la e-cigarette pour le sevrage. Le rapport argue que son intérêt « fait encore débat » et demeure « peu clair », malgré une publication récente remarquée concluant à la supériorité du vapotage sur les substituts nicotiniques.
Des effets vasculaires sans nicotine
Une petite étude publiée ce jour dans « Radiology », avec le soutien des Instituts nationaux de la santé américains (NIH), apporte du grain à moudre aux anti-vape. Pour ces chercheurs, le simple fait de vapoter, même sans nicotine, fait inhaler des substances toxiques, qui traversent les alvéoles et gagnent la circulation générale.
Dans ce travail, les auteurs de la faculté de médecine Pennsylvania Perelman ont analysé les IRM réalisées chez 31 volontaires sains avant et après vapotage. La cigarette électronique était remplie de liquide à base de propylène glycol et de glycérol avec des parfums mais sans nicotine.
Les scientifiques ont étudié les flux sanguins au niveau de l'artère fémorale, du cerveau et de l'aorte. Au niveau de l'artère fémorale, ils ont constaté une réduction du flux sanguin avec une baisse de 34 % de la dilatation artérielle, de 17,5 % du pic de flux et de 25,8 % de l'accélération du flux.
Outre ces anomalies suggérant une altération de l'endothélium, une réduction de 20 % de la saturation veineuse en oxygène indique une perturbation de la fonction microvasculaire. Au niveau aortique, les chercheurs ont mesuré une diminution de 3 % de la vitesse d'onde de pouls.
« Ces produits sont présentés comme inoffensifs et de nombreux utilisateurs de e-cigarette sont convaincus qu'ils inhalent seulement de la vapeur d'eau », explique le Dr Alessandra Caporale, premier auteur, en mettant en garde sur les effets vasculaires potentiels à long terme. Pour autant, la balance bénéfices/risques est loin d'être tranchée et la question de la place dans l'aide au sevrage reste entière.
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