Après l’annulation de deux campagnes de communication grand public sur les risques sanitaires liés à la consommation d'alcool, le ministère de la Santé et Santé publique France (SPF) mettent en ligne ce 25 septembre une campagne ciblant les jeunes.
Suivis du slogan « c’est la base », des « gestes simples » sont présentés dans de courtes vidéos : « inviter ton pote à dormir chez toi s'il est plus en état », « boire aussi de l’eau si l’on consomme de l’alcool », « faire attention à ses potes en soirée », « penser à manger avant de boire de l’alcool », « motiver ses potes à moins consommer » et « appeler direct les secours si ton pote est en bad ».
Un partenariat avec le média digital Konbini se traduira également par différents formats de vidéos, dans lesquelles « des influenceurs portent les messages, permettant d’accentuer le discours de pairs à pairs », indique SPF. Selon l'agence, le pré-test de cette campagne a reçu un bon accueil de la part des jeunes. « Elle a été jugée non moralisatrice, non culpabilisante et adaptée au contexte festif. »
Diffusion sur YouTube
Cette campagne, qui « invite à se protéger et à protéger les autres » des consommations excessives, illustre « la volonté du ministère de lutter contre l’alcoolisme et plus généralement contre les addictions », vante un communiqué. Les jeunes de 17-25 ans sont « de plus en plus exposés aux risques de consommations excessives », est-il rappelé. Et ce dès l’adolescence : « 81 % des jeunes de 17 ans ont expérimenté l’alcool et 30 % le cannabis ».
Pour les atteindre, la campagne sera déployée en ligne, via YouTube. Dans un message sur le réseau X (anciennement Twitter), le ministre de la santé, Aurélien Rousseau, diffuse également une série d'affiches de la campagne « contre la banalisation de la consommation d’alcool chez les jeunes », assurant de sa « détermination à lutter contre ce fléau de santé publique ».
Lancement auj. de la nouvelle campagne contre la banalisation de la consommation d’alcool chez les jeunes. La santé publique, c’est définir des priorités et choisir des messages. Ils peuvent se discuter bien sûr…pas notre détermination à lutter contre ce fléau de santé publique. pic.twitter.com/zQ6uVUsV84
— Aurélien Rousseau (@aur_rousseau) September 25, 2023
En parallèle des affiches et vidéos, une refonte du site « Alcool Info Service » est prévue pour « fin 2023 », avec un budget renforcé pour la promotion, précise SPF.
Le focus sur les jeunes questionné par les addictologues
Cette campagne centrée sur la consommation excessive des jeunes en soirée risque de ne pas satisfaire les professionnels de l’addictologie « atterrés » par les orientations de la stratégie de prévention contre l’alcool. À l’absence de soutien au « Dry january », se sont récemment ajoutées la non-rediffusion d’une ancienne campagne sur les repères de consommation à risque (maximum deux verres par jour et pas tous les jours) et l’annulation de deux campagnes sur l’alcool ciblant la population générale (risques à long terme d'une consommation modérée d'alcool).
Selon la cellule investigation de Radio France, ce serait une victoire du lobby de la filière viticole. « Les alcooliers ne veulent pas de ce genre de message, commentait alors, auprès du Quotidien, le Pr Amine Benyamina, psychiatre et président de la Fédération française d'addictologie. Ils préfèrent que les campagnes se concentrent sur la vision caricaturale de la consommation excessive d'alcool. Il est pourtant important que la population générale soit informée des risques qu'elle encourt en consommant de l'alcool régulièrement. »
François Braun se défend
Une analyse que ne partage pas François Braun, ministre de la Santé lors de l’annulation des deux campagnes. Le médecin se défendait récemment, à l'occasion d'un entretien au Quotidien, d’avoir cédé à des pressions des alcooliers. Il a assuré vouloir privilégier une « prévention non punitive ».
Les revirements sur les campagnes de prévention font néanmoins écho au refus du gouvernement d’augmenter les taxes sur l’alcool, une piste pourtant encouragée par la Cour des comptes et dont l’intérêt en termes de santé publique est documenté par la littérature.
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