DE NOTRE CORRESPONDANTE
LE PROJET n’est sans doute pas unique, mais assez rarissime pour être évoqué. Une convention de mécénat, d’un montant de 65 400 euros, a été récemment signée entre l’hôpital nord de la Croix-Rousse, établissement des Hospices Civils de Lyon (HCL), la fondation Apicil contre la douleur et la Ligue contre le cancer du Rhône, pour développer un projet de « relation d’aide » dans le service du Pr Jean-Paul Viale.
Sous cette appellation générique se trouve un projet extrêmement innovant pour un CHU, puisqu’il s’agit d’expérimenter des thérapies non-médicamenteuses pour traiter la douleur de patients cancéreux, parmi lesquelles la résonance énergétique par stimulation cutanée (RESC), le toucher-massage ou encore l’hypnose. Ces méthodes sont proposées aux patients dont le seuil d’anxiété, mesuré sur l’échelle de Covi lors de la consultation pré-anesthésie, a atteint le seul de 7/15. Avec l’accord du malade, l’une des 4 infirmières dûment formées à ces techniques intervient en amont, pour le préparer psychologiquement à l’intervention et en aval, afin d’optimiser la qualité des suites chirurgicales.
« On s’intéresse au contexte émotionnel de la douleur des patients », indique le Pr Viale, qui observe combien il est nouveau, au sein de l’hôpital, que l’institution accompagne elle-même un tel changement. Les infirmières impliquées dans ce projet expliquent combien, à leur niveau, la prise en charge non pas uniquement de la douleur, mais de la souffrance des patients, était devenue à la fois un enjeu personnel et professionnel. « Après s’être retranché des années durant, derrière la technique, il est bon de retrouver désormais son rôle de soignant », témoigne Myriam Bonhomme, une des chevilles ouvrières du projet.
Reconnaissance.
L’idée est évidemment que ces techniques se diffusent et soient reconnues comme « utiles ». Du fait, notamment, d’une éventuelle réduction des journées d’hospitalisation, l’impact socio-économique est également mis en avant dans ce projet, désormais financé pour deux années consécutives, sous la forme d’un mi-temps infirmier. Sa pertinence sera évaluée, confirme la directrice de la fondation Apicil contre la douleur, Nathalie Aulnette.
Le poste pourra-t-il être pérennisé ? Cela n’ira pas sans poser de problème pour une activité qui n’est pas valorisée par la Tarification à l’activité (T2A). En outre, les enveloppes « douleur » gérées par les Agences régionales d’hospitalisation ont disparu en 2007 avec l’arrivée du nouveau gouvernement. Globalement, « le financement de la lutte contre la douleur est un problème national », déplore le Dr Jean-Claude Caillet, président du Comité de lutte contre la douleur (CLUD) à l’hôpital Nord. Personne aujourd’hui n’est en mesure de dire quel est le montant de l’enveloppe douleur désormais allouée aux établissements. » D’où la nécessité de faire appel au mécénat pour expérimenter de nouvelles méthodes, a fortiori lorsqu’elles relèvent d’une approche non conventionnelle.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?