Organisées à Thionville, dans le nord de la Moselle, les 16e rencontres nationales de l’association ont fait alterner mises au point scientifiques, débats et conférences autour du tabagisme des femmes enceintes mais aussi, plus globalement, des addictions et de la vulnérabilité dont sont victimes les femmes.
La Moselle est l’un des départements français les plus mal placés en matière de tabagisme, y compris chez les femmes enceintes, avec 30 % de fumeuses. Effectuant plus de 5 500 accouchements par an sur ses deux sites, le CHR de Metz-Thionville constitue la plus grande maternité de France et dispose de deux sages-femmes spécialement formées à l’addictologie. Dès qu’un problème d’addiction est repéré, explique le Dr Éric Welter, responsable du pôle mère enfant du CHR, ces sages-femmes prennent contact avec la patiente concernée pour lui proposer un accompagnement. Le CHR forme, actuellement, une douzaine de soignantes supplémentaires au repérage et à la prise en charge des addictions. Un besoin d’autant plus grand que, comme l’observait la responsable du centre de planification familiale de Forbach, « le tabac reste considéré par les adolescentes fumeuses comme un phénomène anodin, et aucune de celles à qui nous proposons une consultation de sevrage tabagique n’y donne suite », alors que leur nombre augmente très fortement dès l’âge de 14 ou 15 ans.
Nouvelles formes de consommation
Parmi les études présentées lors des rencontres, le travail mené par le Pr Yves Aubard (CHU Limoges) et Conchita Gomez, sage-femme à l’hôpital d’Arras, sur les retards de croissance intra-utérins liés au tabagisme s’est attaché à démontrer l’intérêt d’une meilleure formation des équipes soignantes pour la prise en charge des fumeuses enceintes et pour la progression de leur taux de sevrage. Il évalue, de même, les avantages d’un sevrage en cours de grossesse. Mais au-delà du tabac et de ses conséquences, dont certaines n’ont pas encore été assez mesurées, les gynécologues obstétriciens s’inquiètent de la progression des autres addictions chez les femmes enceintes, les effets du cannabis restant fréquemment sous-estimés ou méconnus. Les nouvelles formes de consommation du tabac restent elles aussi trop mal connues alors, que comme le rappelait le Pr Delcroix, les narguilés que l’on voit fleurir un peu partout contiennent jusqu’à 30 fois plus d’oxyde de carbone que les cigarettes.
Les tables rondes ont fait le point sur les liens entre addictions et vulnérabilités, mais aussi entre addictions et violences domestiques, les premières ouvrant la porte aux secondes… et inversement. De même, la question d’un sevrage obligatoire avant toute procréation médicalement assistée, au vu des effets du tabac, mais aussi du cannabis, sur la fertilité, a été posée lors des rencontres. Enfin, le Pr Bertrand Dautzenberg a fait le point sur l’intérêt de la cigarette électronique chez les femmes enceintes, rappelant qu’il la déconseillait… mais qu’elle valait bien mieux que la poursuite du tabagisme classique. Il préconise néanmoins, avant tout, le recours aux substituts nicotiniques.
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