CERTAINES équipes envisagent parfois la recherche différemment des autres. C’est le cas d’Elisabetta Petracci et coll (Bethesda, États-Unis) qui se sont penchés sur les risques de cancer du sein. Il en existe des facteurs non-modifiables (antécédents familiaux, densité mammaire, âge des premières règles, parité…) et d’autres modifiables (IMC, activités physiques, consommation d’alcool). Des travaux ont déjà chiffré la part de responsabilité de chacun d’entre eux. Mais, se sont-ils dits, qu’en est-il après avoir agi sur les facteurs susceptibles d’être modifiés. Selon eux, aucune étude ne s’était penchée sur ce sujet. Ils se sont donc intéressés à une cohorte de femme italiennes atteintes d’une forme invasive de l’affection, comptabilisées dans les registres de Florence, du 1er juin 1991 Au 1er avril 1994. Cette étude cas-contrôle a été menée auprès de 2 569 patientes et 2 588 témoins.
Les chercheurs ont ensuite développé un modèle mathématique permettant de prédire le risque absolu de cancer du sein. Il incluait cinq facteurs non-modifiables (ménopause ou non, niveau scolaire, activités professionnelles, antécédents familiaux et biopsies antérieures) et trois modifiables (alcool, activité physique et IMC).
Le premier constat est que la réduction du risque absolu après intervention sur les facteurs modifiables est proportionnelle au risque estimé avant modification. Cette réduction augmente avec l’âge et l’espérance de vie. Ainsi la baisse moyenne du risque absolu au bout de 20 ans, chez les femmes de 65 ans est de 1,6 % pour la totalité de la cohorte, elle passe à 3,2 % en cas d’antécédent familial et à 4,1 % parmi celles appartenant aux 10 % les plus à risque.
20,5 % en cessant la consommation d’alcool.
« Chez les femmes de 45 ans, sur une période 10 ans, le risque de cancer du sein a été abaissé de 0,4 % en majorant l’activité physique, de 0,6 % en perdant du poids et de 20,5 % en cessant la consommation d’alcool », constate Kathy. J. Helslsouer (Baltimore) dans un éditorial.
« Comme les programmes visant à favoriser une moindre consommation d’alcool, une augmentation des activités physiques et un contrôle de son poids sont sains, ils peuvent être largement diffusés » ajoutent les auteurs. Ils regrettent simplement que la validité de leur travail soit limitée par une surestimation du risque parmi les sujets du quintile à risque le plus élevé, par une réduction du risque absolu imprécise au niveau individuel et par la méconnaissance des types d’interventions réalisées.
Cependant, conclut l’éditorialiste, ce travail fournit des informations d’importance dans le conseil à donner aux patientes. Il permet de chiffrer les attentes qu’elles peuvent avoir en changeant leur mode de vie. Elle ajoute que ce travail montre comment une petite modification au niveau individuel se traduit en chiffres significatifs sur l’ensemble de la population.
Journal of National Cancer Institute, doi:10.1093/jnci/djr172 et 222.
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