LA NICOTINE favorise l’expression de la protéine MOR dans plusieurs régions cérébrales clefs du circuit de la récompense. L’association d’un polymorphisme d’un seul nucléotide (SNP) du gène du récepteur MOR (OPRM1 A118G) avec divers phénotypes de toxicomanies, et en particulier le tabagisme, a été montrée chez le rat et chez l’homme. Mais la fonction de cette variation génétique est encore incertaine. Des études récentes chez la souris ont suggéré que ce polymorphisme se traduit par une mutation de type « perte de fonction » (du récepteur MOR).
Pour vérifier la validité, in vivo, de ces données précliniques, les chercheurs ont étudié, chez 22 fumeurs (au moins 10 cigarettes par jour durant les 6 derniers mois) et, parallèlement, chez 20 non-fumeurs (moins de 100 cigarettes fumées dans toute leur vie), les effets du variant OPRM1 A118G sur le pouvoir de liaison (BPND) du récepteur MOR. La recherche a été réalisée par tomographie à émission de positons (TEP) au carfentanil (un radiotraceur opioïde) après la consommation d’une cigarette contenant de la nicotine et celle d’une cigarette dénicotinisée (contrôle). Les participants étaient porteurs soit de l’allèle G d’OPRM1 (qui, chez le modèle murin, se traduit par une réduction des taux de protéine MOR), soit l’allèle A/A (allèle sauvage).
Le circuit de la récompense.
Le BPND a été examiné dans les zones cérébrales impliquées dans le circuit de la récompense, à savoir : le cortex cingulaire antérieur (ACC), le complexe amygdalien (AMY), le noyau caudé (CAU), le striatum ventral (VST) et le thalamus (THA).
L’équipe de Caryn Lerman observe une réduction du BPND du récepteur MOR chez les fumeurs ayant l’allèle G d’OPRM1 par rapport aux fumeurs homozygotes A/A dans plusieurs régions cérébrales : AMY (des deux côtés), ACC gauche, THA gauche. En outre, l’ampleur des modifications du pouvoir de liaison de MOR entre la consommation d’une cigarette dénicotinisée et celle d’une cigarette normale est corrélée à la satisfaction tirée de ces deux types de cigarettes, autoévaluée par les sujets, dans les AMY, CAU, ACC et THA droits.
Cette étude est la première à faire la preuve, au travers de l’imagerie PET, d’une corrélation entre un polymorphisme (OPRM1 A118G) du gène du récepteur opioïde mu et le pouvoir de liaison de ce dernier au niveau de certaines régions cérébrales du circuit de récompense mésolimbique. Les Américains mettent ainsi en évidence une réduction de la disponibilité en récepteurs MOR thalamiques et amygdaliens chez les fumeurs. Ces observations doivent être confirmées dans des cohortes plus importantes représentatives des deux sexes, car les effets du polymorphisme OPRM1 A118G pourraient être différents chez l’homme et chez la femme. Mais elles font entrevoir la possibilité de prédire, par le calcul du pouvoir de liaison du récepteur MOR par la PET, les difficultés éprouvées par certains fumeurs à arrêter la cigarette.
Ray R., Lerman C. et coll. Proc Natl Acad Sci USA (2011) Publié en ligne.
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