« FAUT-IL avoir peur des addictions ? ». Cette question autour de laquelle la toute nouvelle Fédération Addiction* avait structuré ses deux premières journées nationales, à Lyon, était volontairement provocatrice. La réponse est « non, bien évidemment », a indiqué Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération Addiction, « car on ne peut pas fonder une politique de prévention des addictions sur la peur, donc la répression ». Or, ce serait pourtant bien le moteur de celle mise en œuvre par la Mission Interministérielle de la lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), « qui a fait du sanitaire une sous-rubrique de son plan », déplore Jean-Pierre Couteron. Au point que, le 9 juin prochain, la Fédération Addiction devrait présenter un « Livre Blanc » dans lequel elle appelle à l’élaboration d’un nouveau plan addiction qui réponde d’abord aux besoins de prévention identifiés. Le plan précédent, pour la période 2007-2011, avait impulsé une petite révolution organisationnelle, afin de décloisonner ce qui existait en termes de prise en charge de la dépendance tabagique, de la dépendance à l’alcool, aux produits illicites.
Vers une autre grande réforme ?
La création des Centre de Soins, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) a permis de concrétiser ce décloisonnement pour devenir « la référence » en matière de dispositif médico-social en addictologie. La nouveauté est que ces CSAPA interviennent désormais aussi bien sur les problèmes de consommation de produits que sur des dépendances telles que celle aux jeux, par exemple. « C’est une grande réforme qui a abouti », se félicite Nathalie Latour, déléguée Générale de la Fédération qui déplore toutefois n’avoir pas eu, depuis, de « vraie discussion » avec le Ministère de la santé sur la suite à donner à ce plan. Les responsables de la Fédération se disent « inquiets » de voir se déployer une politique centrée sur « la répression », car si cette réponse a le mérite de la « séduction auprès du public », estime Jean-Pierre Couteron, « nous ne pensons pas qu’il suffise de dresser un mur pour que cela fonctionne ; Il faut aussi déployer de la prévention et de l’éducation ». Et ce d’autant plus que le constat dressé par la fédération devant les quelque 800 participants réunis à Lyon est que ce besoin s’est développé, du fait d’une société décrite comme addictogène. « Chaque société créée elle-même son point d’équilibre », rappelle Jean-Pierre Couteron, « et, une société qui sur-propose de consommer, crée donc des addictions ». La requête aujourd’hui formulée par la Fédération est donc très simple : elle demande aux politiques d’assumer leurs actes. Autrement dit que ceux qui autorisent les jeux d’argent en ligne sur Internet, par exemple, donnent en toute logique des moyens pour en prévenir l’addiction.
* Née de la fusion entre l’Association Nationale des Intervenants en Toxicomanie (Anitea) et la Fédération des Acteurs de l’Alcoologie et de l’Addictologie (F3A)
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