Le ministère de la Santé a présenté ce 9 octobre la deuxième édition du « moi(s) sans tabac ». L'ambition : « que toute la société s'engage pour faire évoluer le regard trop souvent complaisant à l'égard de la cigarette », a déclaré Agnès Buzyn. La ministre se fixe l'objectif de 500 000 fumeurs en moins par an, pour arriver sous la barre des 23 % de fumeurs d'ici la fin du quinquennat.
En France, le tabac, responsable de 73 000 décès par an, reste la première cause de mortalité évitable, la première cause de cancer, et la deuxième cause de maladie cardiovasculaire. Le tabac est en outre un marqueur fort des inégalités sociales et territoriales de santé qui se creusent depuis 2000 : la proportion de fumeurs chez les personnes non diplômées est passée de 30 à 40 %, alors qu'elle est tombée de 30 à 20 % chez les diplômés.
Facebook, fan zone, et Michel Cymes
Comme en 2016, l'opération, qui s'inspire des actions de marketing social mises en œuvre en Grande-Bretagne, se déroule en deux temps : octobre, pour se préparer à l'arrêt, puis novembre, les 30 jours du défi.
Cette année, l'accent est davantage mis sur la notion d'équipe, avec des groupes créés sur Facebook. Sont ainsi prévues 17 équipes régionales, et 16 équipes thématiques correspondant aux modes de vie (fêtard/pantouflard, burgers/quinoa, etc.) et aux méthodes choisies pour arrêter (patch, vapotage, coach, etc.).
Autre impératif : aller au plus près des fumeurs. Une fan zone itinérante sillonnera la France ou plutôt, 12 grandes villes. Santé publique France finance un ambassadeur par région, pour aider les agences régionales de santé, en lien avec les caisses d'assurance maladie, à développer des actions régionales, notamment celles qui visent les plus vulnérables (jeunes, femmes enceintes, malades chroniques, défavorisés). La CNAM financera ainsi 210 projets, contre 145 l'an passé. Et pour couronner médiatiquement le tout, une websérie de 6 épisodes suivra la tentative de sevrage de Laurent Romejko, coaché par le Dr Michel Cymes.
Partenariat avec l'Ordre et les sociétés savantes
Surtout, les autorités espèrent encore mieux mobiliser les soignants, et en particulier les médecins, avec des partenariats avec les Ordres, le collège de médecine générale, les sociétés savantes, les fédérations hospitalières… « Les professionnels de santé doivent pour montrer l'exemple arrêter de fumer. Comment convaincre des dangers du tabac, une cigarette à la main ? » a dit Agnès Buzyn, annonçant la tenue d'un colloque sur les lieux de santé sans tabac, au ministère, la 24 octobre prochain.
Annelore Coury, directrice déléguée à l'organisation des soins à la CNAM, a précisé que des délégués de l'assurance-maladie frapperont aux portes des cabinets pour relayer les recommandations de la Haute autorité de santé et faire connaître les modalités de prise en charge des substituts nicotiniques. Entre fin 2016 et avril 2017, 80 % médecins généralistes avaient été ainsi contactés.
La ministre de la Santé a précisé qu'un nouveau programme national de réduction de tabagisme sera élaboré au printemps (le précédent PNRT ayant pour échéance 2017). Par ailleurs, la stratégie nationale de santé devrait comporter des mesures, dessinées en lien avec le ministère de l'Éducation nationale pour que l'école soit un lieu d'apprentissage des comportements favorable à la santé. Chaque année, 250 000 jeunes deviennent des fumeurs quotidiens ; un tiers des jeunes de 17 ans fume tous les jours ; ainsi que la moitié des femmes entre 20 et 25 ans, a déploré Agnès Buzyn.
180 000 inscrits : un bilan satisfaisant en 2016
Si le nombre d'arrêts du tabac ne sera connu qu'au printemps 2018, la première édition du « Moi(s) sans tabac » a rassemblé 180 000 inscrits. Plus de 670 000 kits d'aide à l'arrêt ont été distribués, le site tabac-info-service a reçu trois fois plus de visiteurs uniques qu'en 2015 (1,58 million), et la ligne 39 89, deux fois plus d'appels (15 500). L'application de coaching a été téléchargée 118 000 fois. Et le nombre de bénéficiaires du forfait de 150 euros remboursé par l'assurance-maladie, pour obtenir des substituts nicotiniques, a augmenté de 64 % au dernier trimestre 2016 (près de 80 000 Français vs 48 000 à la même période en 2015). « 75 % des Français connaissaient le dispositif, et y voyaient une tonalité positive, humoristique, et non hygiéniste », s'est félicité François Bourdillon, directeur général de Santé publique France.
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