LA SOCIÉTÉ Outox doit lancer demain une nouvelle boisson censée accélérer « de façon importante la chute du taux d’alcool dans le sang et favoriser le retour à l’état normal ». Info ou intox, le produit, dont la composition demeure secrète, est présenté comme une « boisson révolutionnaire qui s’avère d’une grande utilité ». Il devrait être vendu d’abord sur Internet,sous forme de canettes de couleur orange et noir. Des négociations sont en cours pour permettre sa distribution dans les grandes surfaces, les bars et les restaurants.
Avant même la présentation demain des tests médicaux, censés être « très probants », des voix se sont élevées contre des allégations qui ne reposent sur aucun travail ayant fait l’objet d’une publication. « À ce jour, de telles propriétés n’ont jamais été validées scientifiquement », souligne la DGCCRF (Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes). Si tel était le cas, la boisson relèverait d’ailleurs du domaine des alicaments, qui sont soumis à une législation spécifique.
« S’il existait un produit susceptible d’augmenter l’élimination de l’alcool, ce serait absolument révolutionnaire. Ce serait un immense progrès en termes de diminution des effets sociaux de l’alcool, notamment de la violence », explique au « Quotidien » le Pr Albert Hirsch, vice-président de la ligue contre le cancer et qui assure le secrétariat de la toute nouvelle Alliance prévention alcool. Selon lui, « une partie du mal est déjà fait ». Le lancement à grands bruits de la nouvelle boisson est un coup de pub qui « contribue à brouiller le message ». Il en appelle à la responsabilité des pouvoirs publics pour « interdire ces allégations sanitaires ».
Le risque est que « les consommateurs se croyant à l’abri des effets dangereux de l’alcool, en absorbent beaucoup plus », ajoute le Pr Hirsch. Avec lui, le Dr Alain Rigaud, président de l’Association nationale de Prévention en Alcoologie et addictologie (ANPAA) craint que cela « n’encourage les gens à conduire sans avoir évalué leur taux d’alcool ».
En 2006, le problème s’était déjà posé lors du lancement d’un « digestif anti-gueule de bois », Security Feel Better, qui prétendait faire chuter de 3 à 6 fois plus vite le taux d’alcool dans le sang. La direction générale de la Concurrence avait, dans un premier temps ordonné la suspension de la vente du produit avant d’être débouté par le Conseil d’État. Le produit est toujours disponible mais il n’est plus fait mention d’une baisse de l’alcoolémie.
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