« PLUS DE LA MOITIÉ des jeunes de 17 ans n’ont jamais touché au cannabis, d’autre malgré des difficultés économiques et sociales ne seront pas confrontés à la délinquance, ni aux difficultés d’être tout simplement » Étienne Apaire président de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT) préfère parier sur les facteurs de protection pour expliquer la manière d’échapper aux tentations et expérimentations diverses. Les risques restent cependant réels et les conduites les plus dangereuses qui gagneraient même du terrain. Depuis 2005, l’usage régulier du tabac chute au-dessous de 30 % et l’expérience du cannabis stagne à 42 %, ce qui laisse tout de même les jeunes français de 16 ans en tête du classement européen de la consommation de cannabis dès l’adolescence. Les experts pointent désormais clairement du doigt les expérimentations de cocaïne dont les prix chutent, aboutissant à la prise en charge de 32 000 personnes par an dans les structures spécialisées en addictologie. L’ivresse rapide en pleine recrudescence depuis ces cinq dernières années devient, elle aussi, très préoccupante.
Encourager et donner du temps.
Face à ce sombre tableau, comment ne pas tendre l’oreille aux conseils des autres États ? Pour faire face, nos voisins européens mènent diverses initiatives que certains représentants sont venus présenter dans le cadre de ces assises. Ingrid Schulten de l’institut Trimbos aux Pays-Bas, explique par exemple que l’hospitalisation d’enfants alcooliques de plus en plus jeunes a permis de concentrer leurs efforts sur des campagnes choc basées sur le lien indispensable que les parents peuvent établir pour éviter ce désastre. « Nous appelons les parents à devenir plus stricts, et à observer le moindre changement de comportement, » explique-t-elle. Le matraquage médiatique ne lui semble pas expliquer à lui seul l’heureuse baisse de consommation d’alcool enregistrée chez les 12/13 ans. « Nous misons beaucoup sur les relations directes établies à partir de blogs sur Internet et proposons des cours à distance par mail et texto, pour apprendre aux parents à exercer leur rôle. » Une approche qui ressemble à celle développée par l’institut suisse de prévention de l’alcoolisme et autres toxicomanies représenté par la sociologue Geneviève Praplan. Elle explique en détail le travail réalisé avec les parents « pour encourager, donner du temps, admettre les conflits et dresser les limites ». Elle estime que « l’éducation donne de la force » et pour convaincre les parents démissionnaires, son organisation propose des « cafés-Parents » dans les lieux publics, monte des stands sur les marchés. « Nous axons notre discours vers les mères, car au sein de la famille, elles sont souvent les premières à rechercher des solutions. Notre premier objectif est d’entamer ce dialogue pour augmenter leurs connaissances sur les produits et dialoguer sur ce qu’elles observent chez leurs enfants. » Geneviève Praplan estime que « rien ne peut s’améliorer si nous restons scotchés dans nos maisons ». Elle condamne sans réserve les tests urinaires qui permettent de contrôler l’usage ou le non-usage de produits illicites.
Preuve de non confiance.
Désormais en libre accès sur Internet, elle estime que les parents qui y ont recours apportent « une preuve de non-confiance, anéantissant tout espoir de dialogue futur ». Giovanna Campello, chargée du programme de prévention à l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) affirme que si « ces tests lui semblent tout à fait indispensables en cas de doute chez un pilote d’avion, ils ne peuvent être destinés à des actions de prévention chez les jeunes » Une position partagée par le directeur général de l’enseignement scolaire au ministère de l’Éducation nationale. Jean-Michel Blanquer met lui aussi en avant « le ciment de confiance qui doit permettre de valoriser les compétences de l’adolescent ». En reconnaissant le succès des thérapies familiales dans 60 % des cas de consommation chez les très jeunes, le représentant de l’éducation nationale mise sur « la co-éducation plus que jamais indispensable, puisque l’école ne peut pas tout faire invitant les parents a y retrouver leur place. » Il déplore « l’indépassable seuil de 10 % » de suffrages exprimés à l’occasion des élections de parents d’élèves. Jean-Michel Blanquer y voit un signe de grande passivité qui ne peut pas permettre de gérer les situations plus complexes où l’usage de produits modifie les comportements. En s’appuyant sur l’environnement numérique de travail, il estime que nous devons détourner les adolescents de la pratique addictive d’Internet. « L’espace numérique doit pouvoir être utilisé à bon escient pour les élèves en partageant l’information, mettant en ligne du cahier de textes ou de correspondance. Une information en partie partagée avec les parents qui pourraient aussi par ce canal recevoir des formations et des conseils. » Cette nouvelle approche plus interactive basée en priorité sur l’échange, la relation qui s’inspire des modèles de nos voisins européens tourne le dos aux tonnes de brochures et aux kilomètres de films de prévention qui n’atteignent pas toujours leur objectif. Le président de l’institut européen de recherche sur la prévention (IREFREA) le portugais Fernando Mendes s’en félicite, mais profite de ces assises pour regretter le manque d’investissement des Français au niveau des programmes de recherche dans son domaine.
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