QUI NE S’EST PAS SENTI un peu embrumé au réveil d’une soirée arrosée ? Que les vapeurs d’alcool de la veille persistent le lendemain n’étonnera personne. Plus surprenant en revanche, deux études irlandaises montrent que les performances en chirurgie laparoscopique sont altérées jusqu’à 16 h 00 le lendemain d’une soirée « conviviale ».
Alors que les nouvelles techniques chirurgicales mini-invasives et la laparoscopie requièrent une grande dextérité et des compétences visuo-spatiales aiguisées, il sera peut-être demandé aux professionnels de rester à jeun à partir de la veille d’une intervention. Les Irlandais ne disent pas s’il suffit de modérer l’absorption de boissons alcoolisées, le Dr Anthony Gallagher et ses collègues n’ont pas déterminé le taux d’alcoolémie altérant les aptitudes opératoires. La prudence est plus que jamais de mise, surtout si l’on tient compte de la tendance naturelle universelle à sous-estimer la consommation personnelle d’alcool et ses conséquences comportementales.
Logiciel de chirurgie virtuelle
Les chercheurs irlandais ont mené deux études, l’une randomisée chez 16 étudiants en médecine, l’autre chez 8 experts en laparoscopie. Les compétences visuo-spatiales étaient évaluées à l’aide d’un logiciel de chirurgie mini-invasive virtuelle. Tous les participants ont eu un entraînement au programme informatique la veille de l’étude. Leurs performances de base étaient enregistrées dans trois champs distincts : temps passé, erreurs et recours à la diathermie. Dans l’étude randomisée, huit étudiants étaient assignés dans le groupe alcool, les huit autres dans le groupe contrôle. Le groupe « alcool » était convié la veille au restaurant pour un dîner collectif, au cours duquel la consommation d’alcool n’était pas limitée. Il n’était pas servi d’alcool pour le repas du groupe témoin. Dans l’étude de cohorte, il était demandé aux experts confirmés de consommer librement de l’alcool au cours d’un dîner privé. Dans les deux études, les aptitudes visuo-spatiales étaient évaluées le lendemain à 3 moments de la journée : 9 h 00, 13 h 00 et 16 h 00.
Alors que les résultats des témoins étaient identiques à leurs scores de base, ceux des étudiants « fêtards » étaient moins performants sur les 3 critères, et ce, avec une grande variabilité. Les différences ne sont apparues statistiquement significatives que pour l’horaire le plus matinal (9 h 00). Dans la seconde étude, les experts ont fait davantage d’erreurs que la veille tout au long de la journée, mais seuls les scores de 13 h 00 sont apparus significativement différents. Les deux études irlandaises montrent ainsi clairement que les effets de l’alcool perturbent la qualité opératoire des chirurgiens. Il serait intéressant à l’avenir de préciser les choses afin d’établir des recommandations à destinée des professionnels : corrélation avec les taux d’alcoolémie, influence de la prise alimentaire, différences entre buveurs occasionnels et réguliers.
Arch Surg. 2011 ; 146(4):419-426.
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