VU DE L’INTÉRIEUR, on se sent bien, on se sent jeune mais vu de l’extérieur l’image se gâte. Les stigmates du vieillissement apparaissent doucement mais inexorablement. « Et toutes les différentes couches de la peau sont touchées », annonce le Dr Anny Cohen-Letessier Le renouvellement des cellules cutanées est ralenti. Il donne l’impression de teint brouillé, de peau épaissie par accumulation et chevauchement des cornéocytes. La peau se dessèche et ce phénomène est aggravé par l’altération du film hydrolipidique et des lipides épidermiques. Et si le dessèchement n’est pas corrigé, les rides laissent leurs empreintes plus facilement. L’épiderme vivant s’amincit. L’anarchie pigmentaire s’en mêle avec l’apparition de tâches brunes et de tâches blanches notamment sur les faces antérieures des jambes et la face externe des avants bras.
Les troubles vasculaires (points rubis, purpura de Bateman) apportent une touche colorée au tableau. Les modifications des macromolécules du derme (déstructuration et rigidification des faisceaux du collagène, fragmentation et désorientation du tissu élastique, baisse du taux de l’acide hyaluronique et des protéoglycanes) vont modifier les propriétés mécaniques de la peau et lui donner cet aspect atone et atrophique (l’épaisseur de la peau diminue de 6 % tous les dix ans). Le relâchement commence à apparaître. Il est sous-tendu par la fonte du tissu graisseux et musculaire qui ne joue plus son rôle de soutien. Les volumes du visage se modifient. Le tableau n’est pas idyllique. Mais peut-on lutter contre les effets de la sénescence ? « Oui, car même si notre horloge biologique est génétiquement programmée, on peut maîtriser 70 % des dégâts », martèle la dermatologue. D’une part, en contrôlant les facteurs environnementaux qui accélèrent ce processus. Ce sont le soleil, le stress chronique, le tabac et une alimentation trop riche en sucres à fort index glycémique. D’autre part, en améliorant la prévention et les soins à apporter à notre peau. La cosmétologie anti-vieillissement a fait beaucoup de progrès (crème contenant de la vitamine C, des acides de fruits, du rétinol, des dérivés de la vitamine A acide, de l’acide hyaluronique fragmenté). Elle est complétée au besoin par les peelings, les injections de comblement des rides et l’utilisation récente du laser fractionné qui restimule les structures cutanées sans abîmer la peau.
Avis spécialisé au moindre doute.
« Mais le corollaire du vieillissement cutané n’est pas seulement esthétique, c’est aussi une fréquence plus élevée de cancers cutanés. » Ils sont d’autant plus faciles à dépister qu’ils siègent sur les zones photoexposées, notamment sur l’extrémité céphalique. Leur chance de guérison dépend de la précocité du diagnostic. Si la lésion est vue tôt, la guérison est obtenue après exérèse chirurgicale sous anesthésie locale. Le carcinome basocellulaire est le plus fréquent. Il ne métastase pas mais évolue en profondeur et est très destructeur dans certaines localisations (zones narinaire et périoculaire). C’est une papule de quelques millimètres, très ferme, indolore, translucide et non pigmentée, parcourue de fines télangiectasies.
L’incidence des cancers spinocellulaires est plus faible mais ces carcinomes ont une évolution métastatique si le diagnostic est tardif. Ils se développent le plus souvent sur des lésions précancéreuses essentiellement les kératoses actiniques chez des sujets de phototype clair. Ces petites plaques squameuses, marrons et rosées, sont liées à un renouvellement excessif des cellules endommagées par le soleil.
Le mélanome, cancer cutané non épithélial réputé être une tumeur du sujet jeune, n’est pas rare chez le sujet âgé. Le plus connu est la mélanose de Dubreuilh, un mélanome in situ, intraépidermique, situé le plus souvent sur la joue. Il a l’aspect d’une nappe pigmentée irrégulière. Son exérèse complète est impérative.
La peau du sujet âgé n’est pas facile à décrypter. Toute lésion cutanée inexpliquée nécessite un avis compétent. « Une consultation dermatologique annuelle de dépistage serait même souhaitable chez tous les seniors » conclut cette spécialiste.
(1) Dermatologue, Paris.
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