L’ÂGE PULMONAIRE se calcule à partir du VEMS mesuré, en reportant celui-ci sur une courbe théorique de déclin du VEMS en fonction de l’âge grâce à des équations établies il y a plusieurs années. Il est ainsi possible de comparer l’âge pulmonaire d’un patient à son âge réel. D’un point de vue respiratoire, un patient fumeur est plus « âgé » que le patient non fumeur. « Cependant, remarque le Dr Nicolas Roche , ce résultat doit être interprété avec prudence car la marge d’erreur est importante. En fait, il faudrait donner la valeur moyenne ± la déviation standard qui est de l’ordre d’une quinzaine d’années ! Un âge pulmonaire calculé n’est donc significatif que s’il est très éloigné de l’âge réel, une différence de cinq ans ne veut rien dire. »
Malgré ces réserves, l’âge pulmonaire est un instrument de communication utile, plus accessible que les résultats des EFR. « L’âge pulmonaire » renvoie à « l’âge des artères » ou au « vieillissement cutané », qui sont des notions très médiatisées : des enquêtes de type micro-trottoir ont montré que le public établissait plus facilement un lien entre âge pulmonaire et tabac qu’entre EFR et tabac. Indiquer leur âge pulmonaire à des fumeurs ou à des stades précoces de BPCO peut ainsi aider à convaincre qu’un essoufflement est pathologique et à motiver en vue de l’arrêt du tabagisme. En effet, une étude britannique randomisée (1) réalisée chez 561 fumeurs de plus de 35 ans a montré que l’âge pulmonaire incitait plus de patients à arrêter de fumer (13,6 %) au bout d’un an que le simple conseil (6,4 % ; p = 0,005). L’âge pulmonaire est aussi un message vers le grand public afin d’inciter les fumeurs à se faire mesurer le souffle. En médecine générale et en médecine du travail, il peut aider au dépistage de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Les minispiromètres électroniques tels que les appareils Piko-6 et Neo-6 (e-ness) donnent une mesure du VEMS permettant de calculer l’âge pulmonaire. Le BPCO-6 (e-ness) donne directement l’âge estimé des poumons. « Dans ce cas encore, l’interprétation des chiffres doit être prudente, précise Nicolas Roche . Un âge estimé éloigné de l’âge réel doit inciter à demander des EFR complètes. »
Quel support physiopathologique ?
L’âge pulmonaire plus élevé du fumeur correspond-t-il réellement à un vieillissement accéléré du parenchyme pulmonaire ? Le vieillissement induit surtout des modifications qualitatives de la composition du parenchyme pulmonaire avec réorganisation du collagène et de l’élastine. Les modifications tissulaires et histologiques liées au tabagisme et aboutissant à une BPCO se traduisent aussi par une infiltration inflammatoire, puis par un épaississement de la muqueuse bronchique et de la sous-muqueuse musculaire lisse. Elles surviennent le plus souvent chez des sujets âgés et s’ajoutent aux effets de l’âge. Il en résulte une réduction de la lumière bronchique, un remodelage de l’arbre bronchique à long terme, une diminution des volumes pulmonaires mobilisables et un déclin fonctionnel respiratoire plus rapide que chez le sujet non fumeur. Chez les sujets atteints de BPCO, il existe aussi un raccourcissement des extrémités des chromosomes (télomères), caractéristique du vieillissement. « En d’autres termes, la BPCO semble caractérisée à la fois par un vieillissement accéléré et un processus pathologique propre ».
› YVONNE EVRARD
D’après un entretien avec le Dr Nicolas Roche, Hôtel-Dieu, Paris
(1) Parkes G, et al. BMJ 2008;336(7644):598-600.
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