LE COMMUNIQUÉ du 17 février dernier accompagnant la publication d’une brochure destinée aux médecins sur la nutrition dans la prévention des cancers, l’INCa (Institut national du cancer) et la DGS (direction générale de la Santé) indiquait, à propos des risques liés aux boissons alcoolisées : « Toute consommation d’alcool est donc déconseillée ». De là à déduire que l’abstinence totale était préconisée, il n’y avait qu’un pas, que certains médias avaient franchi. Or quelques jours auparavant la ministre de la Santé avait saisi le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) pour savoir s’il y avait lieu, au vu des publications récentes, dont l’expertise de 2007 de l’INCa, de modifier les recommandations de consommation en cours (voir encadré). La direction générale de la Santé faisait la même demande en mars.
La réponse du HCSP est nuancée. Il faut conserver, dit-il, le principe actuel de recommandations fondées sur des repères de consommation mais actualiser et harmoniser ces derniers. Après de nouvelles recherches, car les données disponibles aujourd’hui ne permettent pas d’estimer avec précision les risques attribuables aux consommations à faible dose.
Et les effets bénéfiques ?
Les recommandations de l’INCa s’appuient sur deux grands rapports (revue de la littérature, méta-analyses) qui datent de 2007, ceux du réseau NACRe et du WCRF/AICR : ils s’accordent sur l’existence de relations causales entre consommation d’alcool et cancers de la bouche, du pharynx, du larynx, de l’sophage, du colon-rectum chez les hommes et jugent probables ces relations pour le cancer colorectal et le cancer du sein chez la femme et le cancer du foie. Le risque augmentant dès une consommation moyenne de 10 g/jour chez la femme pour le cancer du sein et même avec des consommations inférieures à 25 g/jour pour les cancers de la bouche, du pharynx, de l’sophage, du larynx et du foie. Le rapport NACRe en concluait qu’il n’existe pas de dose sans effet, d’où la recommandation de zéro alcool.
Mais comment ne pas tenir compte des études montrant un effet protecteur d’une consommation modérée d’alcool vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires ? Pour le HCSP, « une recommandation nutritionnelle destinée au grand public doit tenir compte de l’ensemble des effets et impacts potentiels et ne pas se baser sur une morbi-mortalité spécifique ». Les aspects psycho-sociaux de la consommation d’alcool, notamment, ne doivent pas être négligés.
Le Haut Conseil s’alarme en outre de la discordance dans les messages à destination du public, qui « dessert, voire décrédibilise, les objectifs de santé publique » et recommande une harmonisation des discours. Enfin, il faut selon lui évaluer les résultats des politiques de prévention afin de pouvoir les faire évoluer si nécessaire.
* Avis disponible sur le site www.hcsp.fr.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?