La 8e édition du Mois sans tabac débute ce 1er novembre. Cette initiative « est l’occasion pour les fumeurs de rejoindre un élan collectif et de s’engager ensemble dans une démarche d'arrêt du tabac », encourage dans un communiqué la Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France (SPF), qui pilote la campagne avec le ministère de la Santé et de la Prévention, en partenariat avec l’Assurance-maladie.
L’an dernier, l’opération qui incite les fumeurs à stopper leur consommation pendant 30 jours avait réuni plus de 160 000 inscrits sur le site, après une baisse de participation pendant la pandémie. Pour l’heure (le 31 octobre à la mi-journée), le site dédié cumule déjà plus de 116 717 inscrits. Depuis le lancement de l’opération en 2016, plus de 1,2 million de personnes ont relevé le défi. SPF estime que participer à l’opération multiplie par cinq les chances d'un sevrage définitif.
Alors que près de six fumeurs quotidiens sur dix expriment le désir d’arrêter, l’opération multiplie les canaux de communication et relais pour amplifier l’engagement. À côté d’une campagne classique (affichage, TV, radio et digital), des vidéos du magicien et humoriste Éric Antoine, ambassadeur de cette édition, ont vocation à motiver les fumeurs. Les influenceurs Monsieur Thomas, Les Normales ou encore Elyse Mirot, sont également partenaires.
Plusieurs accompagnements sont proposés aux candidats au sevrage. La plateforme Tabac Info Service distille ses conseils par téléphone au 39 89, sur le net via le site tabac-info-service.fr, et sur smartphone avec l’application d’e-coaching Tabac Info Service (conçue par l’Assurance-maladie en partenariat avec Santé publique France). Un kit d’aide à l’arrêt est également disponible gratuitement dès l’inscription sur le site Mois sans tabac ou dans les 18 000 pharmacies partenaires de l’opération.
Bénéfice médical et économique du sevrage
Le bénéfice du sevrage tabagique est avant tout médical : « À l’horizon 2050, Mois sans tabac permettrait d’éviter 241 000 cas d’infections respiratoires basses, 44 000 cas de bronchopneumopathies chroniques obstructives (BPCO) et 28 000 cas de cancers », chiffre SPF.
Mais il est aussi économique. Selon les modélisations de l’OCDE, « l’opération permettrait de réduire les dépenses de santé de 94 millions d’euros par an en moyenne entre 2023 et 2050 (pour un coût par année d’environ 12 millions d’euros) », souligne l'agence sanitaire. Et d’insister : chaque euro investi dans les mesures de lutte contre le tabagisme permet d’économiser sept euros sur les dépenses de santé.
Ces données restent mal connues des Français, chez lesquels persistent certaines idées reçues. Selon un sondage sur la perception du tabac et de son industrie par les Français, mené par BVA pour l’Alliance contre le tabac (ACT), « 53 % des Français considèrent à tort que la vente de tabac rapporte plus à la collectivité qu’elle ne lui en coûte en dépenses de santé », déplore l’ACT. Pour la directrice de l’association, Marion Catellin, « beaucoup de chemin reste à parcourir pour déconstruire ces préjugés ».
Cette enquête montre également que les Français sont de plus en plus conscients de l’influence de l’industrie du tabac sur les politiques publiques : 87 % d’entre eux pensent que les lobbies du tabac sont trop puissants face aux acteurs sanitaires. Résultat de cette mobilisation des industriels : « aucun député n’a repris les éléments des associations de lutte contre le tabagisme sur la fiscalité dans le cadre des discussions sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2024 », dénonce l'ACT. En revanche, plusieurs d’entre eux ont relayé les demandes des cigarettiers pour un rapport sur l’impact de la fiscalité sur le commerce parallèle des produits du tabac. Les seules mesures prévues dans le PLFSS portent sur une extension de la prescription des substituts nicotiniques et l'interdiction de la cigarette jetable.
La fiscalité, un levier efficace contre le tabagisme
Près de deux tiers des Français interrogés (63 %, + 6 points en un an) se disent pourtant favorables à l’augmentation des prix du tabac, mesure jugée la plus efficace par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la lutte contre le tabagisme. « Seule une trajectoire fiscale forte et continue permet de faire baisser la prévalence tabagique en France et de prévenir l’entrée des jeunes dans le tabagisme », martèle l’ACT, qui plaide pour une hausse annuelle d’au moins 10 % (hors inflation) pour atteindre un paquet à 16 euros en 2027.
Un autre enjeu de la lutte contre le tabagisme relève aussi, selon le Comité national contre le tabagisme (CNCT), de l’aide au sevrage des 31,8 % des adultes français de 18-75 ans se déclarant fumeurs, dont 24,5 % quotidiennement. « L’accompagnement par un professionnel de santé augmente de 70 % les chances de réussir son sevrage », souligne l’association qui réclame une prise en charge complète des fumeurs et déplore une offre de soins insuffisante au regard des besoins.
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