En amont de la Journée mondiale de sensibilisation au syndrome d'alcoolisation fœtale (SAF) ce 9 septembre, le ministère de la Santé et Santé publique France lancent ce 6 septembre une campagne nationale d'information dans la presse et le web, à l'adresse du grand public et des professionnels de santé. Un message : « Vous buvez un peu d'alcool, il boit beaucoup », pour promouvoir le principe de l'abstinence totale pendant la grossesse (et rappeler le numéro d'alcool Info services : 0 980 980 930). L'exposition à l'alcool pendant la grossesse est la première cause non génétique de handicap mental à la naissance, chez l’enfant. En France, 500 000 personnes souffrent des conséquences de l'alcoolisation fœtale et une naissance pour mille (soit 600 à 800 enfants chaque année) présente une forme complète de SAF.
Des mesures dans la future stratégie nationale de santé
« Peu de personnes ont conscience du sujet des troubles causés par l'alcoolisation fœtale », a observé la ministre de la Santé Agnès Buzyn, affichant sa détermination à agir sur ce problème de santé publique, en ouverture d'un colloque organisé ce jour Avenue Duquesne. « Vos échanges enrichiront nos actions contre l'usage nocif de consommation d'alcool pendant la grossesse. Cette lutte s'inscrit pleinement dans la politique de prévention que je souhaite mener », a-t-elle ajouté. La stratégie nationale de santé, qui sera dévoilée le 12 septembre prochain, portera des propositions sur la réduction des facteurs de risques pour la santé, et donc, sur la consommation d'alcool, a-t-elle précisé. Près de 50 000 personnes décèdent chaque année d'une pathologie qui y est liée.
Agnès Buzyn s'est en particulier inquiétée de la consommation d'alcool chez les jeunes. Elle a appelé à la vigilance accrue autour des « défis dangereux » diffusés sur les réseaux sociaux. Et à la sensibilisation des futures mères : entre 18 et 25 ans, 28 % des femmes ont connu plusieurs épisodes d'ivresse dans l'année, 11 % dans le mois. Et près du tiers des femmes enceintes consomment occasionnellement de l'alcool.
Pour renforcer l'information au quotidien, la ministre a annoncé l'évolution prochaine du pictogramme alertant sur les dangers de l'alcool pendant la grossesse, obligatoire depuis 2006, sur les boissons alcoolisées. « Sa lisibilité et sa visibilité restent insuffisantes ou hétérogènes. Ce ne doit pas être un détail, car le risque n'est pas un détail », a dit Agnès Buzyn.
Les médecins incités au double repérage
Agnès Buzyn et Nicolas Prisse, président de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), ont invité les médecins à prendre part à cette lutte.
« Il y a nécessité de mettre en place un double repérage plus précoce, à l'attention des femmes (informer, dépister, et aider celles qui sont en difficulté avec leur consommation d'alcool, si possible, dès l'expression d'un désir de grossesse) et de leur enfant, pour poser un diagnostic le plus tôt possible, et permettre une prise en charge adaptée », a insisté Nicolas Prisse. Tout en reconnaissant la difficulté de ce diagnostic, eu égard au continuum clinique, qui va de dysfonctionnements non spécifiques (déficit d'attention, problèmes dans l'acquisition du langage, l'apprentissage à l'école, à la maison, et dans l'adaptation sociale) à des signes plus spécifiques (taille, massif facial). Le dialogue entre addictologues et réseaux de périnatalité est ici plus important que jamais, a souligné Agnès Buzyn.
Enfin, Nicolas Prisse a rappelé la mise en place de deux programmes expérimentaux régionaux, destinés à améliorer le repérage, en Nouvelle-Aquitaine et à la Réunion. L'enjeu : « Adapter les interventions aux territoires » et réduire les inégalités territoriales.
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