L'alcoolisation fœtale est « la première cause de handicap mental non génétique et d’inadaptation sociale de l’enfant », alerte Santé publique France en marge de la Journée mondiale du syndrome d'alcoolisation fœtale qui aura lieu le 9 septembre. Elle dévoile aujourd'hui les premières estimations nationales des troubles causés par l'alcoolisation fœtale (TCAF).
Tératogène pour l'embryon, toxique pour le fœtus, l'alcool pris en excès durant la grossesse a des conséquences multiples : retard de croissance de l'enfant, microcéphalie, excès du massif facial, troubles du neurodéveloppement… a rappelé le Dr David Germanaud, neuropédiatre à l'hôpital Robert-Debré (AP-HP). Le syndrome d'alcoolisation fœtal (SAF) est l'atteinte la plus sévère des troubles causés par l'alcoolisation. Des troubles peu documentés.
Ainsi, Nolwenn Regnault, épidémiologiste et coordinatrice du Programme de surveillance de la santé périnatale à Santé publique France, a souligné « le manque de données sur les TCAF en France ». Cette nouvelle étude de Santé publique France permet de « mieux caractériser le fardeau qu'ils représentent ».
Une naissance par jour
La fréquence des TCAF en France de 2006 à 2013 a été estimée à partir des données du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI). Seuls les diagnostics posés au cours de séjours hospitaliers durant la période néonatale (de la naissance au 28e jour) ont été pris en compte.
Quelque 3 207 nouveau-nés souffrant de TCAF ont été recensés sur la période 2006-2013, soit une naissance par jour. Parmi ces cas, 452 correspondaient à des syndromes d'alcoolisation fœtale (soit une naissance par semaine). La fréquence des TCAF est ainsi de 0,48 cas pour 1 000 naissances, celle des SAF étant de 0,07 cas et celle des autres conséquences de l'alcoolisation fœtale (aSAF) de 0,41.
Alors que la fréquence globale des TCAF est restée stable entre les périodes 2006-2009 et 2010-2013, une diminution de la fréquence des SAF et une augmentation de la fréquence des aCAF ont été constatées. « Aucun élément ne permet de déterminer si l’augmentation relative des aCAF en France pourrait être expliquée par une amélioration des pratiques de diagnostic ou être liée à des évolutions des comportements d’alcoolisation maternelle », notent les auteurs.
L'étude révèle aussi des disparités régionales. La Réunion et le Nord-Pas-de-Calais ont par exemple les fréquences les plus élevées de SAF.
Le nombre de cas de TCAF est probablement sous-estimé, en raison notamment de la prise en compte de la période néonatale uniquement.
Le « zéro alcool » reste de mise
Au vu de ces données et en l'absence de données scientifiques sur un éventuel seuil à partir duquel l'alcool serait néfaste pour l'enfant, le principe de précaution et le message « zéro alcool pendant la grossesse » restent de mise.
Toutefois, une femme sur dix déclare avoir consommé de l'alcool occasionnellement pendant sa grossesse (contre deux femmes sur 10 en 2010), selon les données du Baromètre santé 2 017*.
Comme l'année dernière, une campagne de sensibilisation de 1 mois va être mise en place à partir du 9 septembre. « L'objectif : inciter les femmes qui se posent des questions à consulter un professionnel de santé ou à se rendre sur alcool-info-service.fr pour obtenir une réponse individualisée », explique Caroline Marcel-Orzechowski, chargée de la campagne Alcool et grossesse de Santé publique France, précisant que « la campagne ne peut vivre sans les professionnels de santé ». Un espace leur est dédié sur le site.
Concernant la possibilité d'améliorer la lisibilité du pictogramme femme enceinte sur les bouteilles d'alcool, François Bourdillon, directeur général de Santé publique France, indique : « Le débat est ouvert, c'est de l'ordre du ministère de la Santé et de l'interministériel de prendre cette décision ».
* Enquête téléphonique réalisée auprès de 1 614 mères d’enfant de 5 ans ou moins et de 186 femmes enceintes
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