Le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a lu avec intérêt le commentaire soumis au « Quotidien du médecin » par Philip Morris France à la suite de notre tribune du 28 mars 2019 dans laquelle nous recommandions que les courtes cigarettes du tabac « chauffé » soient soumises aux mêmes réglementations et taxations que les cigarettes traditionnelles.
Dans son document Karim Tifratene, médecin spécialiste de santé publique chez Philip Morris France, ne remet pas en cause cette recommandation, mais émet un doute sur le bien-fondé scientifique de notre affirmation selon laquelle la toxicité des courtes cigarettes est de même nature que celle des cigarettes traditionnelles. Il est vrai que ne voulant pas alourdir le texte de notre tribune, nous nous en remettions implicitement à la littérature scientifique déjà substantielle sur ce sujet et aux avis des comités d’experts indépendants qui en ont fait la synthèse (numéro spécial de Tobacco Control (1), avis sur le tabac chauffé et produits apparentés de l’Alliance contre le tabac (2), European Respiratory Society position paper on heated tobacco products (3), la lettre d’octobre 2018 de la Société francophone de tabacologie(4), etc.).
L’OMS recommande à juste titre que les produits du tabac « chauffé » soient assimilés aux cigarettes traditionnelles (5). En effet, que la combustion soit complète et/ou incomplète, et que la cigarette soit courte ou non, l’important est le résultat pour la santé du fumeur et celle de ses proches.
Énoncer que des « fumeurs adultes … continueront de fumer quoi qu’il en soit », en sous entendant qu’ils sont nombreux et que les mesures prises pour les amener à arrêter sont inefficaces, est une contre vérité dont la démonstration est très simple : il suffit de regarder les chiffres de prévalence du tabagisme extrêmement bas mesurés dans les pays qui ont mis en œuvre de façon efficace la Convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), et peuvent dès maintenant envisager la sortie du tabac (« endgame »).
Contrairement à ce que prétend le « responsable des relations scientifiques » chez Philip Morris France, le marketing de sa compagnie cible de façon très agressive et spécifique les jeunes, fumeurs ou non, au mépris de l’article 13 de la CCLAT et de la législation française.
Notre démarche est qualifiée de « dogmatique » : nous laissons la responsabilité de cette appréciation gratuitement insultante à son auteur. Le CNCT a pour seul objectif d’éviter les souffrances et les morts dues à la consommation de tabac, et les mesures que nous proposons sont fondées sur les preuves scientifiques.
Nous apprécions néanmoins que Philip Morris France ne conteste pas notre recommandation, en accord avec celle de l’OMS, d’assimiler les courtes cigarettes aux cigarettes traditionnelles.
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