En 2016, 34,5 % des Français âgés de 15 à 75 ans (et 38 % des hommes, 31 % des femmes) déclarent fumer, tous les jours (la prévalence du tabagisme est de 28,7 %, 32 % chez les hommes, 25,5 chez les femmes) ou occasionnellement (5,8 % de prévalence), selon les chiffres du baromètre santé 2016, analysés dans le « bulletin épidémiologique hebdomadaire » de Santé publique France, publié ce 30 mai, veille de la journée mondiale sans tabac. Et 29, 6 % des 15-75 ans se disent ex-fumeurs.
Après les baromètres santé 2000, 2005, 2010 et 2014, ces données issues d'une enquête menée du 8 janvier au 1er août 2016 auprès de 15 216 individus se veulent un tableau du tabagisme et de l'usage de la cigarette électronique, avant la mise en œuvre des principales mesures du plan national de réduction du tabagisme (PNRT) : le remboursement à hauteur de 150 euros annuels des substituts nicotiniques, le paquet neutre (instauré en mai 2016 et généralisé depuis le 1er janvier 2017), le moi(s) sans tabac, ou encore, la nouvelle application Tabac info service.
La prévalence du tabagisme quotidien entre 2010 (29,1 %) et 2016 (28,7 %) est stable ; elle ne s'est que très légèrement infléchie si l'on considère la période 2000 (où elle s'élevait à 30 %) et 2016. Plus finement, on observe une baisse de prévalence entre 2000 et 2005 (de 30 à 27 %), principalement due à une diminution chez les 15-34 ans.
Mais 2005-2010 a vu l'augmentation de la prévalence chez toutes les classes d'âge. Entre 2010-2016, les prévalences du tabagisme quotidien ont baissé significativement chez les hommes de 25 à 34 ans (de 6,5 points, jusqu'à 41,4 %), et chez les femmes de 15 à 24 ans (-4,8 points, jusqu'à 25,2 %), constat jugé « encourageant pour l'avenir » par les auteurs Anne Pasquereau et coll.. Mais les prévalences ont augmenté chez les femmes de 55 à 75 ans (+ 5,6 points pour les 55-64 ans, jusqu'à 21,1 %, et + 3,2 chez leurs aînées jusqu'à 8,9 %).
Creusement des inégalités sociales face au tabac
Le tabagisme est un cruel reflet des inégalités sociales qui parcourent la population. Sa prévalence a explosé chez les personnes sans diplôme (de 34 à 38,9 % entre 2010 et 2016) et celles aux revenus les plus bas (de 35,2 % à 37,5 %), tandis qu'elle reste dans les cimes pour les chômeurs (49,7 %). Parmi les facteurs avancés par les auteurs : la difficulté à se projeter dans l'avenir, la méfiance à l'égard des messages de prévention, le déni du risque, une dépendance nicotinique plus importante, une norme sociale en faveur du tabagisme, des évènements difficiles dans l'enfance…
À l'inverse, des baisses significatives sont relevées chez les titulaires d'un diplôme supérieur au baccalauréat (de 23 % à 21 %) et les personnes gagnant mieux leur vie (de 23,5 % à 20,9 %).
Essoufflement de la cigarette électronique
En 2016, 3,3 % des 15-75 ans utilisent la cigarette électronique (4 % des hommes, 2,6 % des femmes), et 2,5 % tous les jours. Si le niveau d'expérimentation reste stable depuis 2014 et concerne surtout les fumeurs (54 %), les usages quotidiens et actuels (qui regroupent quotidien et occasionnel) diminuent légèrement, notamment chez les plus jeunes (15-24 ans, de 2,1 à 1,2 %), l'effet de mode passant, selon les auteurs.
En 2016, 41 % des vapoteurs quotidiens étaient des ex-fumeurs (contre 24 % en 2014), et 58,8 %, des fumeurs (contre 75,6 % deux ans plus tôt). « Si l'e-cigarette apparaît comme une aide à l'arrêt du tabac pour une partie des fumeurs, elle semble progressivement abandonnée par ceux qui n'arrivent pas à arrêter de fumer et qui reviennent à une consommation exclusive de cigarettes », avancent les auteurs, tout en rappelant l'absence de consensus sur le rôle de ce produit dans le sevrage.
La France, mauvaise élève en Europe
Avec plus d'un tiers de fumeurs, la France fait partie des pays les plus enfumés, devant l'Allemagne, l'Espagne, la Belgique et les Pays (un quart), ou encore l'Italie et la Grande-Bretagne (un cinquième) tandis que la prévalence continue de baisser aux États-Unis ou en Australie, qui sont à 15 %.
L'étude conclut en promouvant la poursuite affirmée de la lutte contre le tabagisme, avec des actions ciblées sur les plus défavorisées.
Contre les idées reçues
À l'occasion de la journée mondiale sans tabac, Santé Publique France et le ministère de la Santé lancent une nouvelle campagne de sensibilisation nationale du 18 mai au 30 juin dans les bars, pharmacies, commerces, et sur le web, pour lutter contre les idées reçues (sur les risques de toute consommation même faible) et promouvoir le dispositif Tabac info service rénové, avec sa ligne téléphonique (le 39 89), le site (près de 3 500 000 visiteurs en 2016) et une application mobiles lancée en 2016, téléchargée 111 109 fois.
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