Comment limiter les effets néfastes du tabac chez les bébés exposés in utero dont les mères n'arrivent pas à arrêter de fumer ? Des pédiatres américains suggèrent qu'une supplémentation en vitamine C lors de la grossesse (500 mg/jour) permettrait de protéger en partie la fonction pulmonaire des enfants. L'équipe, qui a déjà travaillé sur le sujet, publie dans le « Jama Pediatrics » de nouveaux résultats encourageants chez les enfants suivis jusqu'à l'âge de cinq ans.
Après avoir montré précédemment des bénéfices contrastés à l'âge de 3 mois et de 12 mois dans deux essais randomisés et contrôlés versus placebo, l'équipe a continué le suivi d'une cohorte de 213 enfants issus de trois centres (Oregon, Indiana, Washington), 125 dans le groupe supplémenté et 126 dans le groupe placebo. Le double aveugle a été maintenu tout au long du suivi. Les femmes pendant la grossesse avaient fumé en moyenne huit cigarettes par jour.
Les essais précédents étaient basés sur des preuves précliniques chez le primate montrant que les effets majeurs du tabagisme in utero sont dus au passage transplacentaire de la nicotine qui interagit avec les récepteurs nicotiniques des voies aériennes en développement. La supplémentation en vitamine C permet de bloquer les effets de l'exposition in utero sur la fonction pulmonaire du nouveau-né singe.
Moins de sifflements
Avec comme critère principal le FEF25–75 % (débit expiratoire mesuré entre 25 et 75 % de la capacité vitale forcée lors de la manœuvre d'expiration forcée rapide) au spirogramme à cinq ans, les chercheurs montrent une amélioration significative de 17,2 % (valeur moyenne de 1,45 versus 1,24). Parmi les critères secondaires analysés, l'équipe a également constaté moins de sifflements (wheezing) dans le groupe supplémenté (28,3 % versus 47,2 %). À ce titre, les pédiatres soulignent néanmoins la forte prévalence du wheezing dans les deux groupes, « ce qui met en évidence la forte morbidité respiratoire associée à l'exposition au tabagisme in utero ».
Même s'il n'y a pas de risque avéré décrit, en particulier malformatif, les effets d'une supplémentation en vitamine C pendant la grossesse restent assez peu décrits. Selon une revue Cochrane de 2010, « il est possible que la supplémentation en vitamine C puisse avoir entraîné une augmentation des accouchements prématurés » et les preuves sont insuffisantes quant à d'éventuels bénéfices en prévention de la mortalité néonatale, des naissances prématurées ou d'un faible poids de naissance.
Si le sevrage tabagique des femmes enceintes reste l'objectif prioritaire, la supplémentation en vitamine C pourrait être une aide pour celles qui n'y arrivent pas. Des études complémentaires sont nécessaires à la fois pour confirmer les effets positifs observés et la balance bénéfices/risques, mais aussi préciser les mécanismes à l'œuvre.
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