Une vaste étude observationnelle publiée dans « JAMA Internal Medicine » suggère que la spirométrie ne suffit pas pour détecter les signes des maladies pulmonaires causées par le tabagisme chronique, notamment la bronchique pulmonaire chronique obstructive (BPCO).
Les chercheurs ont évalué au total 8 872 personnes âgées entre 45 et 80 ans dans 21 centres américains – des fumeurs ou anciens fumeurs ayant consommé au moins un paquet de cigarettes par jour pendant au moins 10 ans. La moitié d’entre eux présentaient des résultats spirométriques normaux. Et cependant, plus de la moitié (54,1 %) de ces fumeurs et anciens fumeurs considérés comme « normaux » par spirométrie présentaient des troubles respiratoires lorsqu’ils étaient évalués à l’aide d’autres tests de la fonction pulmonaire. Par exemple, sur les 300 ayant subi un examen de tomodensitométrie, 42,3 % (n = 127) présentaient des signes d’emphysème ou d’épaississement des parois bronchique qui, en pratique, sont des signes de BPCO.
1/3 des participants présentent une dyspnée
Autres résultats de cette équipe du Colorado : 33 % des fumeurs ou anciens fumeurs, dont les résultats spirométriques étaient dans la norme, présentaient des signes d’essoufflement, comparé à 3,7 % d’individus n’ayant jamais fumé. Au cours d’un test d’effort, 15 % d’entre eux ne marchaient pas plus de 350 mètres en 6 minutes, comparés à 4 % de non-fumeurs. Leur qualité de vie était également inférieure à celle des non-fumeurs ; 25 % des fumeurs et anciens fumeurs avaient des scores au-delà du seuil clinique.
De manière générale, les fumeurs avaient plus de symptômes, mais les anciens fumeurs étaient ceux qui présentaient davantage d’emphysèmes et de rétention de gaz bronchiques. « Si l’arrêt du tabac diminue la sévérité des symptômes pulmonaires et ralenti le déclin de la fonction pulmonaire, cela n’élimine pas le risque de maladie pulmonaire progressive », soulignent les auteurs.
La spirométrie sous-évalue les troubles
« Les maladies pulmonaires sont fréquentes chez les fumeurs dont les tests spirométriques sont pourtant dans la norme. Nos résultats pointent du doigt les limites des critères de diagnostic actuels de la BPCO, et suggèrent que la spirométrie ne suffit pas pour détecter les maladies causées par le tabagisme », conclut l’auteur principal de l’étude, le Pr James Crapo, du National Jewish Health dans le Colorado.
D’après les auteurs, des études récentes ont déjà permis de montrer que la tomodensitométrie peut aider à détecter précocement un cancer du poumon et réduire la mortalité de 20 % chez les fumeurs ayant fumé plus d’1 paquet par jour pendant 30 ans.
Ils estiment qu’aujourd’hui, 35 millions de fumeurs et anciens fumeurs de plus de 55 ans aux États-Unis sont atteints d’une maladie ou d’un trouble pulmonaire qui n’ont pas été diagnostiqués, et espèrent que leurs résultats encourageront les fumeurs de longue date à se faire examiner par tomodensitométrie, pour détecter d’éventuels signes de cancer précoce du poumon ou de BPCO.
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