Avec une arrogance médicale d’un autre âge, le Pr Jean-François Bergman s’attaque une fois de plus au baclofène.
S’attribuant des dons de visionnaire, il soutient que les faits lui donnent raison. Quels faits ? Ceux qu’il sélectionne parce qu’ils nourrissent sa hargne, ou l’ensemble des données disponibles, qui ne vont vraiment pas dans son sens ?
Son analyse des résultats des études Alpadir et Bacloville est sommaire, caricaturale et surtout partiale. Le Pr Bergmann oublie évidemment de citer d’autres études comme l’étude allemande Baclad, positive, et plusieurs essais positifs à faibles doses.
Comme ces vieux patrons à l’ancienne, il méprise la parole des patients et leurs témoignages. Il ignore aussi les nombreuses études de cohortes montrant elles aussi les effets favorables du baclofène. Le rapprochement avec l’homéopathie est assez ridicule.
L’efficacité du baclofène dans l’addiction à l’alcool n’est plus vraiment un objet de questionnement car les éléments de preuve sont apportés. Nous en sommes aujourd’hui à définir la meilleure façon de l’utiliser pour maximiser le rapport avantages/inconvénients et ne pas faire courir de risques aux patients atteints d’une maladie qui, rappelons-le, provoque un décès prématuré toutes les onze minutes en France, près de 50 000 par an, et contre laquelle les autres traitements médicamenteux sont sans grande efficacité.
Le Pr Bergmann décerne un brevet de bonne méthodologie à l’étude récente de la CNAM, alors que cette étude, qui n’est pas signée, a été largement critiquée. Elle ne met en évidence que des associations, sans imputabilité, et sans que la comparabilité des groupes baclofène et du groupe autres produits ne soit assurée.
Ce parti pris, cette subjectivité et cette légèreté dans l’analyse n’empêchent pas le Pr Bergman de se présenter en héraut de « la science ». Il n’a surtout aucune expérience de l’addictologie. Ne parle-t-il pas d’ailleurs de « sevrage alcoolique », alors que le baclofène et les produits qui lui sont comparés visent le maintien de l’abstinence ou la réduction des risques, et non le sevrage ? Le vocabulaire qu’il emploie suffit à discréditer ses propos, qui ne relèvent pas d’une appréciation objective des faits.
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