L’ARRÊT DE L’ALCOOLISME comporte trois étapes principales : la prise de décision, le sevrage proprement dit puis le maintien de ce sevrage.
La décision d’arrêter l’alcool demande au patient de sortir du déni, de reconnaître qu’il est dépendant de l’alcool et que cette consommation représente une drogue pour lui. Au cours de cette étape très longue, qui dure parfois des années, les patients nient leur alcoolisme considérant qu’ils ne sont pas alcooliques. « Il faut expliquer au patient que l’alcoolisme est une perte du contrôle de la consommation d’alcool, que ce soit de façon épisodique ou chronique. Certains facteurs doivent être considérés comme aggravants, en particulier un alcoolisme solitaire », explique le Dr Isabelle Sokolow (praticien hospitalier en alcoologie, hôpital Sainte-Anne, Paris). Cette étape demande du temps, de la patience, autant pour le médecin que pour le patient et son entourage, alors que la phase de sevrage qui fait si peur au patient ne dure que quelques jours.
La phase de sevrage proprement dite est la phase la plus courte. Le traitement repose sur un repos pendant une semaine, une hydratation importante (3 litres d’eau pendant 3 jours) et la prise de tranquillisants, à dose forte pendant 3 jours, puis à dose dégressive. Le syndrome physique de manque (tremblements, sueurs, cauchemars, très fortes angoisses) pouvant aller jusqu’au delirium tremens ne se rencontre qu’exceptionnellement et le sevrage est le plus souvent réalisable en ambulatoire. Lorsque cette période se passe mal, il est nécessaire de réaliser le sevrage en milieu hospitalier. De même certains cas imposent l’hospitalisation : l’existence d’une dépendance conjointe à l’alcool et aux anxiolytiques et des antécédents de crises d’épilepsie, car au moment du sevrage ces crises peuvent survenir.
Retrouver un sentiment de libération.
« Après cette phase de sevrage le plus difficile commence », précise le Dr Sokolow, « car désormais il ne faut pas reprendre le premier verre et un suivi très régulier s’impose aussi bien avec les médecins qu’avec des groupes d’anciens buveurs. » Ces groupes sont particulièrement importants, car ils permettent de déculpabiliser et de réaliser que l’abstinence est possible permettant de retrouver un sentiment de libération. « Cette étape est la plus difficile, car la plus dangereuse. Le patient doit admettre qu’il est à vie dépendant de l’alcool, car reprendre le premier verre déclenche le besoin de prendre le deuxième, puis les suivants. Ce phénomène est souvent ni compris, ni accepté des patients. D’une certaine manière un alcoolique n’est jamais guéri puisqu’il ne peut jamais reboire, il est néanmoins guéri puisqu’il arrive à être bien sans alcool et accepte la vie sans alcool. Le but pour le patient n’est pas d’être abstinent mais de retrouver une joie de vivre qui n’est possible qu’avec l’abstinence. »
Dr Isabelle Sokolow : pas de conflits d’intérêt.
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