L’OMS a choisi « les mises en garde contre les dangers du tabac pour la santé » comme thème de la 22 e Journée sans fumer, le dimanche 31 mai. Les avertissements sur les emballages, utilisés actuellement dans 13 pays, compteraient parmi les outils les mieux adaptés au combat contre la tabacomanie. L’organisation appelle tout particulièrement à l’association textes/images, « car c’est le meilleur moyen d’inciter les gens à cesser de fumer ».
Tout au long de l’année, les gouvernements vont être encouragés à développer les messages illustrés sur plus de la moitié des paquets de cigarettes, des deux côtés. Les 168 pays signataires de la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT)*, ratifiée par 161 d’entre eux, doivent s’y conformer pour la partie écrite des indications sanitaires.L’impression de ces recommandationsn’entraîne pratiquement aucune dépense pour les États , puisque les cigarettiers en supportent le coût. Soutenues par une illustration, elles font mouche, portant un coup au « prestige » de la cigarette.
Une image vaut mieux qu’un long discours, estime l’autorité sanitaire mondiale. Ceux qui fument un paquet par jour y « sont exposés, en principe, plus de 7 000 fois par an ». Et, qu’on ne vienne pas dire à l’OMS que les 650 millions de fumeurs sont « diabolisés, rejetés ». Ilssont « éclairés utilement », « la plupart » d’entre eux le réclament. Face aux 5 millions** qui meurent chaque année, « nous avons la solution à notre portée », affirme le Dr Margaret Chan, directrice générale. Il faut faire vite. À partir de 2020, letabagisme « sera la principale cause de décès et d’incapacités », au pointde dépasser« le nombre de victimes combinées du sida, de la tuberculose, des accidents de la route, des suicides, des homicides et de la mortalité maternelle ».
En France, « la dénormalisation ».
En France, conformément à une directive de Bruxelles du 5 juin 2001, un arrêté du ministère de la Santé du 9 mars 2003 impose de faire figurer sur la « surface la plus visible (des) unités de conditionnement du tabac » soit « Fumer tue », soit « Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage ». « L’autre surface » porte, à tour de rôle et régulièrement, l’un des 14 avertissements sanitaires spécifiques énoncés en annexe du texte.
De son côté, l’Union européenne propose depuis 2005 à ses États membres 42 visuels, plus ou moins crus. Pour l’instant, la Belgique et la Roumanie ont choisi d’en orner les paquets de cigarettes. Paris s’engage aussi sur cette voie : la promulgation d’un arrêté de Roselyne Bachelot est imminente. Concomitamment, les étuis publicitaires ou achetés chez le buraliste feraient un tabac, afin de masquer ce qui dérange. Les ventes de médicaments pour l’arrêt ont, elles, chuté de 23 % en 2008 (- 43 % pour les timbres transdermiques). La même année, l’assurance-maladie a versé 488 441 forfaits de 50 euros au titre de la prise en charge de substituts nicotiniques, soit 24 millions d’euros, un chiffre très en deçà du budget prévisionnel de 60 millions d’euros.
Tandis que la baisse des ventes de cigarettes n’est que de 2,47 %, plus ou moins compensée par une hausse de 4,3 % du tabac à rouler. Et que la proportion de fumeurs quotidiens stagne à 28,3 % des 15-75 ans (Eurobaromètre de mars 2009). Seules la Bulgarie, la Hongrie et la Grèce font plus fort, avec respectivement 30,5, 31,2 et 34,7 % de nicotino-dépendants, le taux moyen européen étant de 26,4 % et les moins accros étant les Suédois (17,5 %).
Pour le Pr Bertrand Dautzenberg, responsable de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT), vice-président de l’Alliance contre le tabac, « grâce aux avertissements de santé, la dénormalisation de l’herbe à Nicot a gagné les esprits », bien que les fumeurs en fassent toujours à leur tête, là où la loi les y autorise. Pour le pneumologue parisien, il faudrait passer à la vitesse supérieure, par exemple en lançant « les paquets génériques, tout blancs ou tout gris, la marque se dessinant en noir dans une fenêtre », suggère le pneumologue parisien. Il en serait « fini du conditionnement comme ultime outil de publicité », ce que recherchent les Britanniques en instituant bientôt « la mise sous le comptoir des produits du tabac » offerts à la vente. Une autre arme à affûter, avec régularité, est l’augmentation de 10 % du prix des cigarettes pour en infléchir la consommation de 4 %.
* Entrée en vigueur le 27 février 2005, la CCLAT stipule dans son article 11 que les mises en garde sanitaires occupent 50 % des faces les plus visibles d’un paquet, mais pas moins de 30 %.
** 730 000 décès dans l’Union européenne, dont 80 000 dus au tabagisme passif.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?