Le baclofène aurait des effets limités, voire inexistants, sur la capacité des patients alcoolodépendants à maintenir leur abstinence, selon une méta-analyse publiée dans la revue « Addiction », par les Drs Abigail Rose et Andrew Jones, de l'université de Liverpool. Leur travail porte sur 12 études dans lesquelles les auteurs comparaient les effets respectifs du baclofène et d'un placebo sur au moins un des items suivants : consommation d'alcool, craving (envie irrépressible de boire), anxiété ou dépression. « Nos travaux mettent en lumière un certain nombre de problèmes avec les études existantes, explique le Dr Rose. Beaucoup d'entre elles ont recruté un nombre limité de patients, et sont peut-être trop petites pour espérer prouver un effet » du traitement par le baclofène.
En colligeant les résultats de ces 12 études, les auteurs britanniques parviennent à davantage de puissance statistique, et rassemblent des données sur 703 patients. Les auteurs notent un taux d'abstinence multiplié par 2,67 avec le baclofène qu'avec le placebo. Ils ont calculé qu'il fallait traiter en moyenne 8 patients pour obtenir une abstinence durable chez l'un d'entre eux. Au-delà de ce premier résultat, les données sont décevantes : le nombre moyen de jours d'abstinence n'était pas significativement augmenté et le nombre de jour de forte consommation n'était pas réduit. Il n'y avait pas non plus d'effet significatif sur le craving, l'anxiété ou la dépression.
La question des doses
Un des avantages du baclofène est son excrétion par les reins, et sa non-accumulation dans le foie. Il est donc possible d'administrer ce traitement à des patients souffrant de pathologie hépatique liée à leur consommation d'alcool, contrairement à d'autres traitements comme la naltrexone ou le disulfirame. Les auteurs notent une très forte hétérogénéité dans les doses employées, qui allaient de 30 à 270 mg/j.
En France, l'agence nationale du médicament et des produits de santé (ANSM) a réduit à 80 mg/jour la posologie maximale de baclofène prescrite aux patients dépendants à l'alcool dans le cadre de la recommandation temporaire d'utilisation (RTU). Cette décision est actuellement contestée devant le conseil d'État.
Parmi les 12 études retenues par les auteurs, on note la présence de l'étude Alpadir (le plus gros contributeur à la meta analyse en nombre de patients), menée par le Pr Michel Reynaud, mais pas de l'étude Bacloville, dont les résultats, présentés une première fois en congrès en septembre 2016, ont été publiés sous leur forme définitive en octobre dernier dans le Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine.
« Il reste des questions non résolues importantes », précisent les auteurs de la méta analyse parue dans « Addiction ». Les questions de la relation dose-effet, de la pharmacocinétique du baclofène, de la durée du traitement et de l'effet des facteurs individuels des patients, ne trouveront des réponses qu'avec « des études cliniques plus importantes », que celles disponibles pour l'instant, concluent-ils.
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?