En France 31,2 % de la population fume (1) contre 15 % en Grande-Bretagne. À 5 ans l’arrêt du tabac réduit le risque de cancer bronchique de 50 % et diminue la morbimortalité cardiovasculaire et par autres cancers.
Récemment, 2 nouvelles populations à risque de cancer du poumon sont apparues. D’une part le patient VIH. « Fumer lui fait perdre 8 ans d’espérance de vie et le VIH 6 ans. Chez lui, le bénéfice majeur d’un arrêt du tabac justifie une prise en charge adaptée (notamment par varénicline) », estime le Dr Anne-Marie Ruppert, tabacologue et onco-pneumologue à l’hôpital Tenon. D’autre part, la femme. Elle fume depuis moins longtemps que l’homme. Les courbes de vente de tabac et de mortalité par cancer bronchique étant décalées de 20 ans, la mortalité par cancer du poumon continue chez elle d’augmenter. Une étude de cohorte francilienne WELCA évalue chez la femme, la part du risque de cancer bronchique non expliquée par le tabagisme (statut hormonal, exposition professionnelle).
Ringardiser le tabagisme
Associées au 3e plan cancer, 2 mesures politiques ont initié une dynamique de baisse du tabagisme. Elles visent l’économie du tabac et son attractivité. Le prix du paquet de cigarettes doit atteindre 10 € en 2020. « Augmenter le prix de 10 % diminue le nombre de fumeurs de 4 %. La hausse qui touche tous les produits du tabac évite le transfert vers le tabac à rouler et va sauver des milliers de vies. Dès 2018 les ventes ont diminué de 10 %. La contrebande reste stable », précise le Dr Ruppert. Autre mesure, le paquet neutre qui rend le tabac moins attrayant. « C’est la 1re fois qu’une mesure permet une diminution nette du nombre de fumeurs dans toutes les catégories socioprofessionnelles et les deux sexes (1) », note la spécialiste. Aider les fumeurs à arrêter de fumer était le 2e axe du 3e plan cancer. « 60 % des fumeurs souhaitent ne plus fumer. Les substituts nicotiniques doublent les chances de réussite. Depuis 2018, ils sont remboursés. Leur prescription a augmenté de 75 %. La vapoteuse réduit les risques chez le fumeur sous réserve de l’arrêt complet de la cigarette », note le Dr Ruppert, qui met en garde contre l’arrivée sur le marché du JUUL « Une vap contenant des sels de nicotine, très addictive, et qui ressemble à une clé USB ». Par ailleurs, le tabac chauffé « reste du tabac et n’est certainement pas un substitut nicotinique comme pourraient le laisser penser les cigarettiers » souligne-t-elle.
Comment éviter l’entrée des jeunes dans le tabagisme (3e axe du plan cancer 2014) ? Le Dr Ruppert se félicite des « hausses de prix et paquets neutres, très dissuasifs pour les jeunes », mais regrette « l’absence de financement pour soutenir l’éducation au collège, à l’âge de la 1re cigarette (12-13 ans) et du tabagisme quotidien (14 ans) ».
Au congrès de pneumologie de langue française 2019, le Pr Jacques Cadranel, Tenon a présenté une campagne originale de la fondation du souffle. Dans cette vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et vue par plus de 2 millions de « suiveurs », de jeunes « influenceurs » ouvrent avec curiosité « SMOKLM », box cosmétique au design épuré. Éclats de rire et dégoût accompagnent le déballage cette panoplie de fumeur (T-shirt exhalant le tabac froid, fond de teint grisâtre, vernis jaunâtre à ongles et à dents). Espérons qu’elle fasse mouche et marque les esprits.
(1) Paquereau A. et al., BEH 2018;14-15:265-73
(2) https://www.lesouffle.org/2019/01/29/smoklm-la-box-pour-avoir-lair-sans…
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