Comment aider les adolescents douloureux à rependre une scolarité et une vie sociale ? L’hospitalisation en soins-études est une option efficace, selon un projet de recherche original mené en collaboration par la Fondation Santé des étudiants de France (FSEF) et la Fondation Apicil. L’intensité des symptômes douloureux diminue significativement au terme de six mois d’hospitalisation en moyenne, selon une étude réalisée au sein du service de médecine interne pour adolescents à la clinique FSEF Paris 16. Un gage pour la qualité de vie au quotidien et la réinclusion scolaire.
Alors que jusqu’à 20 % environ des adolescents présenteraient des douleurs chroniques selon une méta-analyse internationale de 2024 publiée dans Pain, le retentissement psychique et social peut être important, avec de l’absentéisme scolaire voire une déscolarisation. La prise en charge ambulatoire peut être mise en défaut, d’où l’ouverture de structures d’hospitalisation soins-études.
« Le programme soins-études douleur associe des techniques non médicamenteuses (kinésithérapie, balnéothérapie, art-thérapie…), des soins psychiques, voire psychiatriques, des consultations avec un médecin douleur et une scolarité en classe en petit effectif avec un emploi du temps allégé », rapporte dans un communiqué la Dr Anne Tonelli, cheffe du service de médecine interne pour adolescents à la clinique FSEF Paris 16 et membre de la Société française d’études et de traitement de la douleur (SFETD). À ce jour, depuis l’ouverture de cet accueil, plus de 340 adolescents ont bénéficié d’une prise en charge de ce type. Ce projet de recherche a servi de support à la thèse de médecine du Dr Guillaume Groffe, docteur junior pédiatrie et médecine de l’adolescent au sein de la clinique.
Profil des patients hospitalisés
Cette étude rétrospective a été réalisée à partir des comptes rendus d’hospitalisation de 191 adolescents âgés de 13 à 20 ans (en moyenne de 15 ans) pour douleur chronique pris en charge dans la structure entre 2011 et 2020. Plus de deux tiers des patients (67,3 %) étaient des filles, l’âge de début moyen des douleurs était de 11 ans. Le délai moyen avant la première consultation spécialisée était de trois ans, avec encore un an d’attente supplémentaire pour l’hospitalisation. Environ la moitié des patients rapportaient de l’absentéisme scolaire avant l’hospitalisation.
Les douleurs les plus représentées étaient les douleurs musculosquelettiques (52 %), les céphalées (50 %) et les douleurs abdominales (33,20 %). Une douleur chronique était présente dans 43 % des cas chez un parent du premier degré.
« Ces adolescents ont pour la moitié d’entre eux un examen somatique normal (essentiellement ceux souffrant de migraines, céphalées chroniques, douleurs musculosquelettiques, douleurs abdominales chroniques), décrit la Dr Anne Tonelli, également praticienne attachée au centre de la migraine et de la douleur de l’enfant à l’hôpital Trousseau (Paris). L’autre moitié souffre de maladies chroniques (drépanocytose, arthrite juvénile idiopathique, suite de chirurgie…) qui n’expliquent pas l’intensité et surtout le retentissement de la douleur sur la vie de l’adolescent et de sa famille, impactée dans son ensemble ». La spécialiste ajoute que : « dans mon expérience, je retrouve des antécédents de harcèlement scolaire ou de violence chez un nombre significatif de patients ».
Avec une durée moyenne d’hospitalisation de 6 mois, deux tiers des patients ont pu diminuer le nombre de traitements médicamenteux prescrits de façon significative (0,37 versus 1,2). Les douleurs ont même disparu dans 12 % des cas. L’hospitalisation a permis de réduire le nombre de patients présentant une douleur de fond (132 versus 170) et de crise (149 versus 183), de l’évaluation numérique de la douleur (1 point).
« Ces hospitalisations ont pour objectif d’interrompre le cercle vicieux de la douleur, de la déscolarisation, de la désocialisation et de permettre à l’adolescent et à sa famille de se décentrer de la douleur », souligne la Dr Tonelli. Avec in fine, l’objectif de réinvestir des projets de vie.
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