MIRABEL est une étude observationnelle sur l’allergie à la cacahuète et France, en Belgique et au Luxembourg. Ses objectifs sont de collecter des données sur une large population de patients afin d’analyser le comportement alimentaire, d’étudier la présence de traces d’arachide dans les aliments emballés, cela avec ou sans mise en garde sur les allergènes, et de combiner ces résultats afin de quantifier le risque allergique et d’établir une analyse coût/bénéfice.
La publication dans Clinical Experimental Allergy, signée A. Deschildre et coll., rapporte les observations de 785 patients (dont 86 % de moins de 16 ans) dans la vie réelle : caractéristiques médicales, doses déclenchantes, que ce soit dans la vie réelle ou dans les tests de provocation orale, les facteurs associés aux réactions sévères, les conseils diététiques et l’anxiété des patients vis-à-vis de leur allergie.
Étaient étudiés : l’âge et les symptômes au moment du diagnostic, la voie d’exposition, les comorbidités, les tests allergiques (notamment les IgE spécifiques pour rAra h2), dose déclenchante (en mg de protéine de cacahuète) dans la vie réelle et dans les tests de provocation, conseils pour la lecture de notices, score d’anxiété.
Des réactions sévères
L’âge médian des patients était de 3 ans ; 85 % étaient déclarés allergiques.
Des réactions sévères ou potentiellement sévères ont été rapportées chez 30 % des patients allergiques :
– réaction systémique grave (15 %) ;
– angiœdème laryngé (8 %) ;
– choc (4 %) ;
– asthme aigu (3 %).
Une dermatite atopique était observée chez 66 % des patients ; un asthme chez 58 % d’entre eux.
Les taux moyens d’IgE spécifiques rAra h2 étaient de 11,5 kUA/L.
Dans 278 tests de provocation orale, 225 étaient positifs (dose déclenchante moyenne : 67,3 mg).
Quant à la dose déclenchante dans la vie courante, elle était inférieure à 100 mg chez 44,3 %.
Les réactions sévères étaient significativement plus fréquentes chez les adolescents et les adultes (p = 0,004), les asthmatiques (p = 0,033) et les patients réagissant à l’inhalation (p < 0,001).
Aucune association significative n’était retrouvée pour la dose déclenchante lors des tests de provocation ou le titre des IgE spécifiques rAra h2.
Les facteurs associés à des conseils d’éviction stricte (dont les notices) étaient : une dose déclenchante au test de provocation inférieure à 100 mg, mais ni un antécédent de réaction sévère (p = 0,051), ni un asthme (p = 0,34). Quant à l’anxiété, elle était associée de façon significative à une éviction stricte (p < 0,001).
Améliorer les mises en garde
« Les réactions sévères/potentiellement sévères, les comorbidités allergiques et de faibles doses déclenchantes dans la vie réelle sont fréquentes chez les patients allergiques à la cacahuète. Un asthme, l’adolescence/l’âge adulte et les réactions à l’inhalation sont associés à des symptômes sévères. Il est nécessaire d’améliorer les mises en garde sur les notices et les conseils diététiques », concluent les auteurs.
Dr Emmanuel de Viel
Deschildre A et coll. Clin Exp Allergy 2015 ; doi : 10.1111/cea.12681.
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