Que tester ?
Après l’interrogatoire minutieux classique, lors de la consultation chez l’allergologue, dans un premier temps, les tests épicutanés sont préparés à partir d’une batterie standard européenne comportant 26 produits dilués dans de la vaseline ou dans de l’eau. Sont parfois associés une batterie complémentaire ou des produits apportés par le patient. Dans ce cas précis, certaines précautions doivent être respectées selon le produit apporté en évitant les produits irritants des produits cosmétiques et des produits professionnels. Il est souvent nécessaire de demander, sur le plan professionnel, la composition des produits au médecin du travail et dans d’autres domaines de se rapprocher des services consommateurs pour connaître la composition exacte. Les produits irritants sont testés soit dilués, soit en test semi-ouvert sans patchs
Une bonne préparation des tests
Les patchs tests ou tests épicutanés, peuvent être :
- des Finns Chambers comportant des petites cupules rondes en aluminium où l’allergène est déposé. Lorsqu’il s’agit de mélange liquide, un petit disque en buvard imprégné de ce liquide est déposé dans la cupule ;
- les Haye-tests sont eux en propylène et de forme carré ;
- les true-tests utilisés comportent des allergènes déjà prêts à l’emploi.
Ces supports ainsi préparés avec les allergènes (ce qui demande un certain temps de préparation) sont appliqués sur la partie supérieure du dos en région latérorachidienne sur une peau indemne de toute pathologie dermatologique et sans nævi. Ces tests sont effectués au moins trois semaines après la guérison totale des dernières poussées en évitant toute photothérapie ou exposition solaire dans les quinze jours qui précédent et toute application de dermocorticoïdes au moins une semaine auparavant. La corticothérapie per os à posologie supérieure à 30 mg par vingt-quatre heures doit être stoppée depuis au moins un mois. Il en est de même pour les immunosuppresseurs. Il semble par contre que les antihistaminiques ne modifient pas la réactivité cutanée pour les patchs contrairement aux pricks tests.
Afin que les tests soient bien maintenus en place, entre la pose et la lecture, le patient ne doit pas humidifier le dos (par le bain ou la douche) ni favoriser la transpiration ou la friction par une activité sportive.
La lecture des tests
La lecture des tests s’effectue, dans un premier temps, quarante-huit heures après la pose et trente minutes après le retrait des patchs tests. Une lecture à 96 heures est parfois recommandée mais si cela se révèle impossible, une lecture à 48 et 72 heures est préconisée.
Pour interpréter les tests, il faut les retirer, les repérer avec un crayon marqueur cutané ou des feuilles de plastiques transparentes. Attention, tout ce qui est rouge n’est pas forcément un test positif. On classifie la positivité des tests selon les stades suivants :
- + ? : test douteux avec une petite papule érythémateuse non considérée comme un test positif ;
- positif avec érythème, infiltration et parfois papule ;
- positif fort avec infiltration, érythème, papule et vésicule ;
- positif très fort avec confluence des vésicules et apparition de bulles.
L’interprétation des tests peut être gênée par un phénomène appelé angryb back : « le dos en colère » caractérisé par des « rougeurs » diffuses et multiples au niveau des tests sans signification allergique particulière.
La pertinence des tests épicutanés
Si la préparation et la pose des patchs tests sont importantes, l’interprétation de la lecture des tests est tout aussi primordiale.
Le test semi-ouvert se réalise en appliquant tel quel le produit dans le dos, en le laissant ensuite le produit en place durant une minute puis en le recouvrant d’un sparadrap micropore avec une lecture quarante-huit à quatre vingt seize heures plus tard.
Le test d’application répété s’applique essentiellement aux produits cosmétiques. Il consiste en l’application matin et soir sur l’avant-bras ou le pli du coude, du produit suspect pendant dix jours minimum.
Lors de l’interprétation, il faut faire la part des choses entre une réaction érythémateuse irritante simple, une réaction eczémateuse, ou un effet « savon » (souvent lié à des tests de produit moussant). Lorsque les tests sont réellement positifs, il faut encore pouvoir les relier avec pertinence à l’histoire clinique. Cette mise en relation directe entre l’allergène, la symptomatologie, la localisation de l’eczéma de contact, permet ensuite à l’allergologue de fournir au patient des listes d’éviction comportant les principales sources d’exposition à cet allergène et les risques d’allergie croisée avec d’autres substances.
Il faut toutefois garder à l’esprit que des faux négatifs peuvent exister pour différentes causes : prise d’un traitement médicamenteux non évoqué par le patient, exposition préalable à des ultraviolets, utilisation d’un support et d’une solution inadaptée de dilution, date de lecture inadéquate ou concentration d’allergène trop faible dans le test effectué. Si certaines allergies sont faciles à mettre en évidence que celle au nickel des bijoux fantaisie, d’autres sont beaucoup plus complexes à explorer du fait de la multiplicité d’allergènes dans un même produit comme c’est le cas par exemple dans les cosmétiques classiques.
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