LA PRISE EN CHARGE de l’allergie alimentaire a vu son profil se modifier au fil du temps. Depuis quelques années, l’utilisation de l’immunothérapie sublinguale (ITSL) puis, plus récemment, de l’immunothérapie par voie orale (ITO) apporte une amélioration de la qualité des patients. Pour l’instant, seuls quelques allergènes alimentaires sont concernés : arachide, œuf, lait et, plus rarement, la noix de cajou, les poissons et les fruits de mer. Ces techniques sont nées d’un constat : l’éviction, totale et définitive, de l’allergène, prônée jusqu’à maintenant aurait tendance à entraîner, en cas d’ingestion accidentelle, une réaction plus sévère.
L’induction d’une tolérance aurait en revanche comme bénéfice une augmentation du seuil réactogène à l’allergène, représentant ainsi une « protection » partielle accrue vis-à-vis des réactions anaphylactiques.
Mode d’emploi.
Après avoir diagnostiqué l’allergie alimentaire, un test de provocation orale (TPO) effectué en milieu hospitalier, permet d’établir la dose réactogène à partir de laquelle le patient présente des signes cliniques. S’en suit le protocole d’ITO qui se déroule en deux phases : l’induction, pendant laquelle une dose progressivement croissante d’allergènes est ingérée jusqu’à une dose optimale et la phase de maintenance où les doses sont administrées quotidiennement au domicile pendant une durée variable d’un à deux ans selon les cas. Le cas de l’ITO à l’arachide est certainement le plus documenté. Il est recommandé de stopper la prise d’arachide en cas d’hyperthermie ou d’infections intercurrentes, de consulter en cas d’interruption temporaire supérieure à cinq jours, d’être stabilisé par un traitement de fond en cas d’asthme associé et d’éviter les efforts dans les deux à trois heures qui suivent.
En ce qui concerne l’allergie aux protéines du lait de vache on insiste actuellement sur une tolérance plus au lait cuit que cru.
Pour l’allergie à l’œuf, la notion de thermosensibilité de certains de ses allergènes va permettre d’envisager une ITO plutôt à l’œuf cuit dans un premier temps. Il est également acquis qu’il est plus aisé de maintenir la tolérance quotidienne pour le lait et l’œuf qui se trouvent dans l’alimentation classique plutôt que pour l’arachide.
Des interrogations persistent toutefois concernant ce type de traitement : seuls certains aliments sont concernés ; peut-on, après l’arrêt de l’ITO, considérer que la guérison définitive est obtenue alors qu’une sensibilisation persiste ? Une chose reste certaine : cette technique apporte un confort de vie accru pour les patients avec un allégement de leur régime alimentaire. De nouvelles techniques comme la voie épicutanée sont également à l’étude.
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