Parallèlement au développement des troponines de haute sensibilité (hs-cTn), des algorithmes tenant compte des résultats des dosages et du tableau clinique ont été définis afin de différencier avec le plus de sécurité possible les patients victimes d'un infarctus du myocarde (IDM) de ceux dont les symptômes relèvent d'une autre étiologie. En 2015, la Société européenne de cardiologie (ESC), dans ses recommandations sur la prise en charge du syndrome coronaire aigu sans sus-décalage du segment ST, a validé la stratégie diagnostique basée sur la combinaison de deux dosages de hs-cTn, un à l'admission et un 3 heures plus tard (H0/H3). Elle a aussi proposé un nouvel algorithme très précoce, H0/H1, qui permet de classer les patients en trois catégories : exclusion de l'IDM, affirmation de l'IDM et observation. « Cette proposition n'était toutefois basée que sur peu d'études et nécessitait une plus ample confirmation, souligne la Pr Sandrine Charpentier, qui rappelle qu'en pratique aujourd'hui en France, c'est un protocole de dosage à H0 puis H3 qui est utilisé.
Deux nouvelles études présentées cette année au congrès de l'ESC apportent de nouveaux éléments au débat...
Que démontrent les essais Historic et Rapid-TnT ?
L'étude Historic a comparé un protocole basé sur un seul dosage de troponine à une stratégie standard chez plus de 30 000 patients présentant un syndrome coronaire aigu. Ce travail n'a pas permis de démontrer la non-infériorité du dosage unique à 30 jours, mais cette approche n'expose pas à un excès d'événements cardiovasculaires à un an.
L'étude Rapid-TnT, qui a inclus quelque 3 300 patients, a de son côté mis en évidence la non-infériorité d'un protocole H0/H1 sur le protocole standard en termes de décès cardiaques et d'IDM à 30 jours. « Le protocole de cette étude est particulièrement complexe, ce qui rend difficile l'interprétation des résultats, indique la Pr Charpentier. Mais ces deux études apportent de nouvelles informations et semblent conforter la sécurité d'utilisation des protocoles très rapides. Leurs résultats doivent cependant être analysés très finement par les experts impliqués dans cette problématique, cardiologues, urgentistes et biologistes », estime la Pr Sandrine Charpentier.
D'après un entretien avec la Pr Sandrine Charpentier, chef du service des urgences, CHU de Toulouse.
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