’est un nouveau métier qui fait son apparition dans les services de médecine d’urgence… de manière très progressive. « Pour l’instant, il n’y a que cinq infirmiers de pratiques avancées (IPA) avec la mention urgence qui sont diplômés en France. On en est donc au tout début. Mais d’autres IPA vont passer leur diplôme au cours des prochains mois. Par exemple, cinq seront diplômés en juin à l’université Paris-Sorbonne », indique le Pr Youri Yordanov, PU-PH aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) et coordonnateur de la mention urgences du diplôme IPA à Sorbonne université.
Les services d’urgences vont donc devoir se préparer à l’arrivée des IPA et à l’intégration de ces compétences nouvelles. « J’ai la chance d’avoir une IPA stagiaire en ce moment dans mon service. Et je peux ainsi mesurer de manière très concrète le défi que cela représente d’intégrer ce nouveau métier et de se positionner par rapport aux infirmiers et médecins du service, raconte le Pr Yordanov. Parce que l’IPA n’est là ni pour remplacer les infirmiers, ni les médecins ou ni les internes. C’est vraiment un nouveau métier à part entière et il faut que chacun trouve ses repères. »
Un nouveau métier
Les missions d’un IPA sont diverses. Certaines sont communes avec d’autres corps de métiers, en particulier les soins au lit du malade. Mais les IPA sont aussi chargés de prendre en charge de manière relativement autonome les patients présentant une moindre gravité ou complexité. « Ils peuvent alors l’examiner et émettre des hypothèses diagnostiques. Mais ils n’ont, pour le moment, pas le droit de prescrire, et doivent s’en remettre au médecin pour les demandes d’examens d’imagerie, la biologie et, bien sûr, les traitements », précise l’urgentiste. Les IPA ont vocation à s’inscrire dans une prise en charge globale du patient. « Ils peuvent aider à la fluidification de certaines filières de soins et éviter des hospitalisations. Par exemple, pour certains patients gériatriques, l’IPA peut travailler en lien avec les professionnels de ville autour d’eux : le généraliste, le médecin coordonnateur de l’Ehpad, les infirmiers libéraux. Il peut ainsi engager un travail de prévention qui pourra, peut-être éviter une hospitalisation », explique le Pr Yordanov.
Une montée en charge des facultés
La formation d’IPA s’adresse à des titulaires du diplôme d’État d’infirmier (IDE) et expérimentés d’au minimum trois années d’exercice (dont préférentiellement deux en soins d’urgence ou soins critiques). La formation, de niveau Master, est délivrée à l’université. « Il y a d’abord un tronc commun à l’ensemble des cinq mentions : pathologies chroniques et stabilisées, transplantation rénale, santé mentale, oncologie-hématologie et urgence. Durant la deuxième année, l’enseignement est spécifique à chaque mention », indique le Pr Yordanov.
Le nombre d’IPA aux urgences va augmenter de manière régulière au cours des prochaines années. « Dès l’an prochain, de nombreuses facultés en France vont proposer cet enseignement. En Île-de-France, seule Sorbonne-Université l’assure pour l’instant mais, l’année prochaine, au moins trois autres facultés vont suivre, signale le Pr Yordanov. L’année prochaine, nous aurons entre 10 et 15 étudiants. Cette augmentation du nombre d’IPA formés sera conséquente mais cela ne sera pas non plus une explosion. On ne va pas se mettre à former des centaines d’IPA aux urgences car cela reste un investissement important pour les services et les structures hospitalières. »
Exergue : « C’est un défi de positionner les IPA par rapport aux infirmiers et médecins du service »
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