Entre 2014 et 2022, plus d’un million de séjours hospitaliers ont été pris en charge chaque année en soins critiques, dont en moyenne 244 000 en réanimation. Mais, dans le détail, qu’en est-il pour les séjours en réanimation sur la période marquée par l’apparition du Covid-19 ? Dans une étude publiée sur son site, le service des statistiques du ministère de la Santé (Drees) en précise l’évolution mais aussi les motifs et les caractéristiques, y compris le profil socio-économique des patients concernés.
Après l’année 2014 historiquement basse, la tendance pré-pandémie était déjà à l’augmentation constante des admissions en réanimation (+2 % par an en 2015 et 2016 puis 1 % par an jusqu’en 2019), « sur fond d'augmentation globale des séjours hospitaliers », rapporte l’étude ministérielle menée en collaboration avec des réanimateurs membres de sociétés savantes ; le Covid a ensuite fortement accentué le phénomène (+4 % par rapport à 2019) avant qu’il ne revienne en 2022 « à un niveau inférieur à la tendance d’avant la crise » avec 240 000 séjours. En 2020 et 2021, le Covid-19 devient ainsi le deuxième motif d’admission en réa, totalisant plus de 14 % des séjours sur ces deux années. Toujours présent en 2022, il n’en représente plus que 5 %.
Des techniques de ventilation moins invasives
Les maladies cardio-neurovasculaires restent le premier motif d’admission en réanimation sur toute la période étudiée. Viennent ensuite en seconde position les maladies respiratoires et en troisième les traumatismes et empoisonnements sur les périodes 2014-2019 et 2022.
Utilisé chez plus de la moitié des malades hospitalisés en réanimation pour motif respiratoire depuis 2014, le recours à la ventilation mécanique invasive décroît au fil du temps au profit de techniques comme l‘oxygénothérapie nasale à haut débit. Concernant la dialyse, elle est nécessaire chez 10 % des patients de façon stable au cours du temps.
La vulnérabilité sociale à l’épreuve de la pandémie
Chez les patients en réanimation, les habitants des communes les plus défavorisées et les bénéficiaires de complémentaires de santé financées par l’État et dédiées aux plus modestes (CMU-C/ACS ou CSS) sont légèrement « surreprésentés », lit-on. Cela concerne plus particulièrement ceux admis pour Covid-19, pathologie liée à la grossesse ou à l’accouchement, troubles mentaux et du comportement. La pandémie a souligné la vulnérabilité sociale face au risque d’exposition au virus, de forme grave et de décès, rappellent les auteurs.
Parmi les habitants de France métropolitaine en réanimation, la part de patients vivant dans les communes les plus défavorisées qui rassemblent un cinquième de la population atteint 22 %, contre 19 % pour ceux habitant dans les communes les plus favorisées, qui regroupent un autre cinquième de la population, selon la Drees.
Tous motifs confondus, sur toute la période, plus du quart des séjours en réanimation ont débouché sur un décès, lors du séjour à l'hôpital ou moins d'un an après, montre aussi l'étude. « Parmi les séjours avec acte classant opératoire, la mortalité en réanimation est de 11 %, alors qu’elle oscille entre 22 % et 24 % pour les séjours avec acte peu invasif et les séjours de médecine », relèvent les auteurs.
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