Dans la prévention des pneumonies nosocomiales, un essai français montre le bénéfice d’un traitement antibiotique (l’amikacine) inhalé chez les patients intubés sous respiration artificielle en service de réanimation. Ce résultat, obtenu dans le cadre d’une recherche du réseau d’excellence « Crics Triggersep » labellisé F-Crin (French clinical research infrastructure network), est publié dans The New England Journal of Medicine.
Les pneumonies nosocomiales acquises sous ventilation mécanique représentent l’infection nosocomiale la plus fréquente en réanimation. Elles augmentent la durée d’hospitalisation, retardent la guérison, et peuvent être fatales (jusqu’à 13 % de taux de mortalité), tout en engendrant des coûts élevés, rappelle un communiqué du réseau F-Crin. Les facteurs de risque de ces pneumonies nosocomiales sont connus : l’âge, une immunodépression, les pathologies chroniques, mais surtout, la présence de dispositifs médicaux invasifs.
Pour réduire le risque de survenue de ces pneumonies, une équipe coordonnée par le Pr Stephan Ehrmann (service de médecine intensive et de réanimation au CHRU de Tours), co-coordinateur du réseau « Crics Triggersep », a exploré la piste d’un traitement antibiotique préventif, administré par voie inhalée, à travers un essai multicentrique, en double aveugle, randomisé et contrôlé.
Traitement préventif après trois jours d’intubation
Au total, 847 patients, pris en charge dans 19 services de réanimation en France, ont été inclus dans l’essai : 417 dans le groupe de traitement et 430 dans le groupe placebo. Les patients traités ont reçu, au troisième jour d’intubation et durant trois jours, des nébulisations quotidiennes d’amikacine à une dose de 20 mg/kg. La délivrance sous forme inhalée de l’antibiotique « permet d’obtenir des concentrations pulmonaires d’antibiotique très élevées », souligne le réseau F-Crin.
À 28 jours, une pneumonie s'était développée, sous ventilation assistée, chez 62 patients (15 %) dans le groupe amikacine et chez 95 patients (22 %) dans le groupe placebo. Le traitement a aussi permis de réduire la survenue d’événements associés à la ventilation (18 % contre 26 %). Des effets indésirables graves liés à l'essai ont été observés chez 1,7 % des patients du groupe amikacine et chez 0,9 % du groupe placebo.
« Grâce à ces résultats très positifs, nous allons pouvoir améliorer la prise en charge de nombreux patients en réanimation partout dans le monde. Développer une pneumonie nosocomiale retarde l’extubation d’un patient et prolonge la durée de son séjour à l’hôpital. L’amikacine inhalée en prévention va nous permettre de réduire ce risque qui peut parfois être fatal », se félicite le Pr Stephan Ehrmann, dont la thèse de médecine portait déjà sur l’inhalation d’amikacine.
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