La réforme de la santé à l’horizon 2 022 va-t-elle dans le bon sens ?
Nous avons salué ce plan, annoncé par le Président de la République, en prenant en considération l’ambition de ce projet, ses objectifs, avec lesquels les 18 Centres de lutte contre le cancer du réseau Unicancer adhérent parfaitement. Cependant, nous espérions que les moyens pour le mettre en œuvre seraient suffisants, mais le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2 019 n’en prend pas le chemin. Or, les hôpitaux vont être confrontés dans les années à venir à des enjeux cruciaux, en termes d’investissements (modernisation et innovation). Face à ces défis, il s’agira de continuer à rendre accessibles, à tous les Français, les dernières technologies, avancées et traitements innovants. La qualité des soins devra toujours être la même partout : c’est un enjeu de santé publique.
Quelle est la place de l’oncologie dans cette réforme de grande ampleur ?
Dans « Ma santé 2 022 », le mot cancer n’a jamais été prononcé, ce que nous regrettons et qui nous inquiète. Cette omission laisse supposer que les moyens qui étaient dédiés à l’oncologie, dans les trois plans cancer successifs, ne seront peut-être pas reconduits. Or, nous en avons encore besoin car le nombre de personnes souffrant de cancers continue de croître. Si les mesures de prévention actuelles doivent avoir un impact d’ici à une dizaine d’années, il faudra, en attendant, continuer à donner les meilleurs soins aux malades.
Cela dit, nous pourrons reprendre à notre compte de nombreux éléments du plan, qui impacteront très probablement la prise en charge, pour les adapter à la cancérologie. C’est le cas de la gradation des soins, de la création des hôpitaux de proximité aux côtés des établissements spécialisés et ultra-spécialisés. C’est une nouvelle organisation que nous devons nous approprier en cancérologie pour améliorer le dépistage, établir un diagnostic localement avec une prise en charge spécifique dans un centre spécialisé. Il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas de petit cancer. Très souvent, l’inventaire de la tumeur initiale et le bilan préthérapeutique conditionnent les chances de guérison. La prise en charge pourra, par la suite, être partagée en fonction des épisodes de soin entre des établissements de recours, des établissements spécialisés, voire, pour la surveillance, être relayée dans les établissements de proximité.
Quelle place pour les patients atteints de cancer ?
Leur rôle s’avère majeur en cancérologie. Déjà, nous disposons de quelques certifications internationales, qui font intervenir l’évaluation des résultats par les patients, dénommés les (PROMs) : vécu de leurs traitements, effets thérapeutiques, (en nombre d’années de survie), qualité des soins…. Ces mesures représentent des évaluations normées qui nous permettent de comparer nos hôpitaux avec d’autres établissements, non seulement en France mais aussi à l’étranger, en vue d’accroître le niveau des soins dispensés. Afficher nos résultats s’avère donc crucial. Ma santé 2 022 nous a donné une architecture, une feuille de route. Nous nous sommes assez plaints de nous voir imposer des réformes venant d’en haut. À nous, désormais de nous retrousser nos manches et d’agir.
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