Vingt ans après les attaques contre le World Trade Center (WTC), les conséquences sanitaires pour les sauveteurs exposés à des substances nocives, telles que les polychlorobiphényls (PCB), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), l'amiante, l'acide sulfurique, le benzène ou l'arsenic, commencent à être bien documentées. Deux nouvelles études observationnelles publiées dans « Occupational & Environmental Medicine » confirment le risque accru de cancer de la prostate déjà mis en évidence dans de précédents travaux et pointent également une prévalence accrue pour celui de la thyroïde.
Le premier travail a inclus 10 786 pompiers de la ville de New York, qui sont intervenus sur le site du WTC après les attentats, ainsi que 8 813 qui n’ont pas participé aux opérations de secours. Sur la période de suivi (de 2001 à 2016), 915 cancers ont été diagnostiqués chez 841 du groupe WTC et 1 002 cas chez 909 des autres pompiers. Les chercheurs ont identifié des « taux plus élevés pour tous les cancers (RR à 1,13) » chez les pompiers du WTC, avec une prévalence particulièrement accrue pour les cancers de la prostate (RR à 1,39) et de la thyroïde (RR à 2,53).
Un risque accru de cancers mais une détection précoce
L’âge médian au moment du diagnostic, pour tous les types de cancer, était par ailleurs de 4 ans plus jeune chez les pompiers du WTC (55,6 vs 59,4). Et ces derniers avaient également tendance à avoir une maladie à un stade précoce et localisé. Les programmes de surveillance mis en place pourraient expliquer ces résultats, estiment les auteurs.
De même, « les taux élevés de certains cancers, y compris les cancers de la thyroïde et de la prostate, pourraient être dus à des facteurs non biologiques tels que l'inscription à des programmes de dépistage, en particulier des programmes de santé liés au WTC », ajoutent-ils. En effet, par rapport à la population générale, les deux cohortes de pompiers affichent des taux plus élevés de cancer de la prostate et de mélanome, mais ces différences sont atténuées après la prise en compte des « biais de surveillance ».
La seconde étude a analysé les données de suivi (jusqu’en 2015) de 69 102 intervenants sur le site du WTC (pompiers, services médicaux d'urgence, policiers, mais aussi travailleurs du bâtiment, bénévoles et personnes impliquées dans le nettoyage). Parmi eux, 1 120 ont reçu un diagnostic de cancer de la prostate à un âge moyen de 60 ans. Pour plus de 3 cas de cancer de la prostate sur 4 (77 %), le diagnostic a été posé à un stade précoce et localisé. Pour un peu plus de 15 %, le cancer s'était propagé localement et pour 2,5 %, il était métastasé.
Par rapport aux participants sans cancer de la prostate, ceux qui en ont développé un étaient plus susceptibles de fumer ou d'avoir fumé et d'avoir un autre de cancer diagnostiqué au cours de la période d'étude. Reste que, par rapport à une cohorte en population générale, les intervenants sur le site du WTC avaient un risque 24 % plus élevé d’avoir un cancer de la prostate, après ajustement selon des facteurs potentiellement influents comme le tabagisme.
Le délai moyen entre l’exposition et la survenue du cancer de la prostate a par ailleurs été établi à un peu plus de 5 ans, soit une période « considérablement plus courte » que les résultats des études non liées au WTC, ce qui peut refléter l’intensité des expositions subies sur le site, observent les auteurs, soulignant un risque majoré parmi ceux qui sont intervenus tôt sur le site et ont été pris dans le nuage de poussière.
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